Loewe & Co.

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Article rédigé par Martin Farrent en mars 2003


Loewe Birmingham, courtesy Wikipedia Commons

Histoire

Loewé est l’un de ces vieux noms obsédants de la fabrication des pipes anglaises, caractéristique d’une production « bourgeoise» quasiment disparue, qui comprenait également des marques comme BBB, Orlik, Comoy’s et GBD. A côté de ces marques, Loewé s’est depuis longtemps réduite à une pseudo-existence, devenant un peu moins qu’un logo qu’utilise de temps en temps l’usine Cadogan à Southend- on-Sea. Mais les possesseurs des plus vieilles Loewé les chérissent comme de superbes fumeuses poids-plume, parfaitement réalisées et d’un grain aux caractéristiques supérieures à celui de beaucoup de Dunhill d’aujourd’hui.

 
1928 Ad, courtesy Doug Valitchka
 
Ad, courtesy Doug Valitchka
 
Circa 1938-39 Loewe Ripple Grain Brochure, courtesy Doug Valitchka

Le français Emil Loewé a fondé la compagnie, magasin et atelier, en 1856 au 62, Haymarket à Londres. Il aurait été le premier à fabriquer des pipes en bruyère en Angleterre. Richard Hacker soutient que les gens de théâtre du West End faisaient partie des passionnés de la boutique à son apogée. Les montages spigots de Loewé sont aujourd’hui particulièrement prisés par les amoureux de l’élégance -ils furent introduits à l’origine pour des raisons pratiques, pour faciliter la fabrication de tuyaux de remplacement pour les clients à l’étranger.

La firme et ses installations furent plus tard reprises par Civic, bien avant d’être complètement intégrée au groupe Cadogan, quelque part dans le dernier quart du XXe siècle. Comme pour les autres marques de ce groupe, il n’est pas facile de déterminer la date qui marque la fin de l’indépendance de Loewé et de sa singularité. Ceci est dû pour une part au développement propre de Cadogan, passé d’une coopérative à une entité monolithique.

En 1979, on pouvait lire dans un livre de poche allemand que la marque Loewé avait été abandonnée deux ans auparavant, afin que ces mêmes pipes puissent réapparaître comme des GBD haut de gamme. Curieusement, l’année de publication coïncidait avec l’année où la marque Loewé devint une marque du groupe Cadogan’s, qui à cette époque possédait déjà GBD. Avec ce qu’on sait aujourd’hui, l’auteur semble avoir travaillé à partir d’une information brouillée mais partiellement vraie. S’il y avait vraiment eu un projet de fusionner pleinement les deux lignes de production, celui-ci avait été abandonné. Aussi, une rupture de deux ans à cette époque semble impossible, puisqu’on trouve des poinçons prouvant que des Loewé furent fabriquées en 1978 et 1979. Toutefois, il existe des indices nets que des modèles Loewé furent plus tard commercialisés en tant que Comoy’s (une autre marque de Cadogan).

 
Courtesy Doug Valitchka

A ce que j’en sais, les différentes marques de Cadogan continuèrent à être fabriquées dans des établissements séparés tout au long des années 70. Ce fut l’achat d’Orlik en 1980 qui permit à Cadogan de regrouper toute la fabrication dans cette nouvelle usine de Southend-on-Sea. Quoi qu’il en soit ce transfert fut progressif et la façon dont il impacta Loewé n’est pas claire. On dit que, en tant qu’entreprise, Loewé ne fut pas officiellement liquidé par Cadogan (le successeur de Civic) avant la fin des années 80. Bien sûr, les « Loewé » d’aujourd’hui sont fabriquées dorénavant à Southend, bien que, d’après Cadogan, la marque ne soit plus guère utilisée.

Collection

Comme pour la plupart des marques possédées aujourd’hui par Cadogan, l’important pour le collectionneur est de trouver des pièces d’avant le regroupement des productions dans l’usine de Southend. On admet, par exemple, que la perte d’une identité propre a sonné la fin de l’excellence de GBD. De même, le nom d’Orlik, célèbre autrefois, ne dit plus grand chose à l’acheteur de pipes neuves d’aujourd’hui. Mais trouver une « Original » sur le marché de l’estate implique souvent de vouer une confiance aveugle à la parole d’un vendeur, ou à sa propre aptitude à apprécier la qualité d’une pipe à partir de deux photos sur Ebay.

Les Loewés avec un montage en argent sont ainsi les plus recherchées, puisque les poinçons sur les bagues d’argent permettent de déterminer leur âge. Il n’est pas possible de dater les autres pipes portant le logo « L&Co » aussi précisément que les Dunhill ou même les Charatan, dont les fréquents changements de marquage sont bien documentés. En revanche, les différents propriétaires de la marque Loewé semblent avoir observé une certaine constance dans les marquages d’origine.

Avec l’aide de membres des newsgroups de fumeurs de pipe ASP et DAFT (Allemagne), j’ai cherché des moyens de corriger cette situation. Nous avons un peu avancé dans la datation des pipes Loewé - ou au minimum dans l’attribution à une époque, mais il y a des trous. Une des méthodes consiste à rapprocher les marquages des pipes avec ceux des poinçons des bagues, ce qui permet d’avoir une idée des marquages utilisés à une période donnée. Cependant, pour établir un guide complet de datation, il faudrait disposer d’exemplaires indiquant clairement le début ou la fin d’un certain marquage- et aussi davantage d’informations sur l’attribution ou la localisation.

Dans une certaine mesure, Cadogan nous a aidé par ses informations, mais n’a pas répondu aux questions historiques. Mais aussi, leur philosophie du marquage ajoute vraiment à la confusion. Par exemple, ils utilisent encore un marquage « London », bien que la fabrication soit faite sur la côte de l’Essex depuis plus d’une décennie, voire deux. Les résultats de notre recherche commune ne sont pas encore complets et il reste l’espoir que quelqu’un apporte les informations nécessaires pour combler les blancs.

Eléments de datation

La période de transition – et donc celle qui nous intéresse ici – débute quelques temps après 1960. Durant cette période, les pipes étaient encore fabriquées dans l’immeuble de Haymarket, mais bien sûr, plus par le défunt Emil. Civic dirigeait les affaires, et avait apparemment pris le contrôle avec le consentement du fondateur ou de ses successeurs bien des années auparavant. Il n’y a aucun indice que les pipes fabriquées sous le contrôle de Civic aient été de moindre valeur que les toutes premières Loewé.

D’après les informations fournies par les propriétaires de pipes Loewé munies de bagues d’argent poinçonnées, les marquages de 1920 (ou plus anciens) jusqu’à 1967 (ou légèrement avant) apparaissent comme suit :

Côté droit de la tige (vu côté fumeur)

'LOEWE', 'LONDON W.'

Côté gauche de la tige

Logo 'L&Co'. Un marquage de gradation ou de série apparaît sous la tige sur les pipes plus tardives. D’après les indices fournis par les catalogues, les gradations ont été introduites quelque part entre 1956 et 1964. Les premiers noms de série à être utilisés semblent être « CENTURION », « ORIGINAL « et «  OLD ENGLISH ». D’après les catalogues, les séries CENTURION étaient censées être faites de bruyère d’au moins cent ans. Ces gradations ne furent pas introduites avant une période située entre 1956 et 1964, selon les informations fournies par un Danois qui détient des catalogues Loewé. Sans doute un peu plus tard, de nouvelles séries furent introduites, notamment « MOUNTED », « SPIGOT », « STANDARD » et « STRAIGHT GRAIN ». Il n’y a sûrement pas de marquages de série sur les pipes fabriquées jusqu’en 1920. Il n’y en avait aucun non plus sur les pipes sablées proposées en 1950 comme « Ripple Grains ». Le catalogue de cette année là montre aussi une pipe appelée « Process », au fini naturel et avec un fourneau spécialement traité ne nécessitant pas de culottage. Toutes deux avaient disparu en 1956.

On trouve aussi le cas d’un marquage « Great Britain » en place du nom de série, mais toutefois sur une pipe impossible à dater achetée vers 1980.

Dessous de la tige =

Nom de la forme (p.ex. « INVERNESS » (=LOVAT)), quelquefois aussi un marquage « Made in England » sans doute seulement sur les pipes vendues aux U.S.A.


Au cours des années 60, encore dans la période Civic, les locaux originaux furent abandonnés en raison d’autres projets de développement, et les pipes Loewé furent fabriquées, peut-être de façon successive, dans différents endroits de Londres (Hammersmith semblant être l’un d’entre eux).

De plus, à un moment quelconque avant 1968, les noms de forme furent remplacés par des numéros, qui tous apparemment comprenaient trois chiffres et commençaient par un 9. Par exemple une 910 était une billiard. Nous savons que ces nombres, marqués sur le côté droit de la tige (sous le « LONDON.W. ») étaient encore utilisés en 1983, bien qu’il y ait quelques incertitudes sur ce point. Nous ne savons pas exactement à quel moment on passa des noms aux nombres. Cela a pu se passer au plus tard en 1967, mais peut aussi avoir eu lieu quelques années (assez peu) auparavant. Un nom de forme apparaît sur une pipe neuve achetée aux USA en 1967, alors qu’une autre pipe portant le poinçon de cette année là sur sa bague argent affiche déjà un nombre plutôt qu’un nom de forme. Il convient aussi de mentionner les souvenirs d’un fumeur de pipe danois, qui rappelle que seul W.O. Larsen importait des Loewé au Danemark jusqu’en 1968.

Manfred W. Resag affiche une page de pipes toutes numérotées 9xxx, avec des photos de pièces fabriquées de 1978 à 1982 (avec peut-être une exception une sans bague et par conséquent non-datable).

http://perso.wanadoo.fr/nautor/Loewe.htm

En examinant le site web d’un vendeur du Royaume Uni, j’ai pu déduire que les numéros de forme actuels (début 2003) diffèrent pour l’essentiel (et sans doute pour tous) de ceux utilisés depuis 1967. Par exemple une Billiard est maintenant un 28, une Lovat un 834, une canadienne un 296. Quelques numéros de forme comportent maintenant 4 chiffres. Mais même aujourd’hui, Cadogan marque encore à l’occasion une pipe avec un nom de forme plutôt qu’un nombre, mais seulement sur demande.

Il semble qu’aussi bien les plus vieilles pipes portant des noms de forme que celles utilisant les marquages en 9xx aient été fabriquées à Londres, avant le déménagement à Southend. A mon avis, seules les pipes fabriquées avant l’introduction des marquages numériques ont été taillées dans les locaux d’origine à Haymarket, et parmi elles les tiges marquées d’un nom de série indiquant sans doute les pièces fabriquées après 1956.

Questions obscures

Pour chercher à confirmer cette théorie, nous avons besoin de connaître l’année exacte du départ de Haymarket, mais aussi d’en savoir plus sur les marquages des pipes fabriquées entre 1960 et 1966/67. Tous les fumeurs de pipes qui ont répondu à la demande de renseignements sur ASP et DAFT et qui ont signalé des pièces datables (avec des bagues argent poinçonnées) possédaient des pipes fabriquées avant ou après ces années, qui presque certainement englobaient la cession de l’atelier de Haymarket.

Cadogan n’a pas répondu à ces questions non plus qu’à celles concernant le déménagement ultérieur à Southend. Cependant, grâce aux preuves fournies par les lecteurs de la première version de cet article, je dirais que cet évènement là s’est produit autour de 1982, l’année au cours de laquelle un collectionneur danois a rapporté avoir acheté une canadienne portant le numéro de forme 296.

Ceci malgré le fait que plusieurs personnes possèdent des Loewé avec des marquages 9xx – pipes que j’attribuerais aux derniers jours londoniens- mais pourtant avec des poinçons de 1982 ou même 1983. Il y a plusieurs explications envisageables pour cela. La plus évidente, c’est qu’il peut y avoir eu quelques mois de production se chevauchant dans deux ou trois endroits différents. On peut même se poser la question de savoir si les dernières années londoniennes n’ont pas vu du tout de restructuration de la production - ou si quelques (ou toutes) les Loewe ont fait l’objet de commandes à d’autres firmes. Le collectionneur Danois mentionné plus haut a des documents proposant à la fois des Loewé « London-made » et des Loewé françaises (moins chères) en 1982.

De plus, il est aussi raisonnable d’envisager que certaines pipes aient commencé leur vie à Londres et y aient été marquées, mais seulement achevées à Southend. Dans certains cas, il semble même évident que le temps écoulé entre la fabrication et la finition a été de plusieurs années. Par exemple, un fumeur allemand possède une 908 avec un poinçon de 1983. Elle faisait partie d’un drôle de lot de « spigots » proposé par un marchand allemand à la fin des années 1990, avec des tiges dont les bagues d’argent portaient des poinçons du début des années 80 et des tuyaux fabriquées une douzaine d’années plus tard voire plus. Le marchand se souvenait que c’était les dernières Loewé qu’on lui ait jamais proposées.

Curieusement, quelques unes des formes Loewe des années 70 et du début des années 80 semblent être réapparues ultérieurement en tant que Comoy’s (fabriquées aussi par Cadogan aujourd’hui). En fait, les spigots de Comoy faisaient partie des nouvelles séries introduites après la pleine intégration de Comoy’s à Cadogan. C’était cohérent avec la hiérarchie des marques observée chez Cadogan, qui place Comoy’s tout en haut de la pyramide, quelque peu au détriment du prestige des autres marques. Ainsi, on peut imaginer que les têtes de ces étranges Loewé aient été fabriquées à Londres, se trouvaient dans les stocks transportés à Southend, et aient été plus tard équipées de tuyaux, lorsque quelqu’un s’en est souvenu ou les a découvertes. Les tuyaux étaient disponibles, puisqu’ils étaient toujours fabriqués pour les nouvelles Comoy.

Pour en finir avec cette période de transition et l’intérêt des Loewé fabriquées entre la période Haymarket et le déménagement à Southend, J’attends toujours d’entendre une plainte d’un possesseur de l’une de ces pipes. Je possède moi-même une belle Rhodésian baguée, d’un très beau grain presque droit. C’est une formidable fumeuse.

Prix

En 1926 le prix en sortie d’usine d’une Loewé sans montage était de 11 shillings et 3 pence. 24 ans après, il avait doublé et cette pipe se vendait 50 shillings au détail. A cette époque (1950) une once de tabac à pipe ou un pain de 4 livres coûtaient à peu près un shilling à Londres. En 1982 un vendeur proposait des Loewé (London) pour 19,5 livres. Un lot de Loewé à montage spigot 9xx fabriquées au début des années 1980 et vendu vers la fin du siècle coûtait en Allemagne aux alentours de 200 Euros chaque. Début 2003 un site web anglais proposait des Loewe-Kaywoodie dans une fourchette de 18,50 à 65 £ (environ 25 à 95 euros/$). C’étaient des pipes Cadogan bien sûr. Dans le même temps, certaines pièces « anciennes » atteignaient les 175 Euros ou US$.

Un catalogue de 1946 détaille les pipes de la ligne “Process”; « chaque tête est sélectionnée pour son grain unique. L’intérieur est traité avec l’inimitable procédé de Loewé qui rend le culottage inutile. La bruyère prendra une belle couleur et cette teinte s’enrichira au fur et à mesure des fumages». Le prix de détail pour les pipes Process étaient de 57 shillings et 6 pence (sans montage) et de 75 shillings et 9 pence (avec montage).

Les premières Loewé étaient disponibles avec de nombreuses options, comme des tuyaux d’ambre, ou des montages en argent massif ou en or en supplément. De façon intéressante, le catalogue de 1926 indiquait le prix des pipes avec un « fini naturel », mais ajoutait qu’une attrayante finition foncée était disponible sans supplément !

Remerciements et note

Cet article s’est étoffé au fur et à mesure, en fonction des recherches d’informations sur Internet et la publication d’une première version, qui presque aussitôt a suscité de nouveaux envois des lecteurs.

Mes remerciements vont à Asp'ers Kevyn Winkless, Stephen Bozle. Greg Pease, Chris Keene, Manfred Resag, Sonam Dasara, Jorgen Jensen et Jesper de Danpipes pour leurs informations et leur contribution à cet article. Des détails importants ont également été signalés par les membres du DAFT (DE.ALT.FAN.TABAK- newsgroup Allemand) tels que Klaus J. Pfeifer, Manfred Arenz, HaJo Oestermann, Jörg Eichelberger, Rainer Duesmann, Joachim Acker and Michael Karrengarn.

En définitive, bien que j’ai indiqué mon adresse e-mail ici, ce n’est pas vraiment pour recevoir des questions, puisque je manque des connaissances nécessaires pour y répondre. Je ne suis pas un expert, mais seulement un admirateur des pipes Loewé, et j’ai mis dans cet article jusqu’au plus infime indice que j’ai pu rassembler. Aussi, dans l’idéal, cette adresse est destinée à ceux qui pourraient un jour apporter des informations supplémentaires, de façon à rendre ce texte plus satisfaisant.



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