The 1980s Fake Dunhill/fr: Difference between revisions

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The next level of examination is for defects. That fake ODA 844 Shell I wrote of earlier  is  an exceptional pipe with a remarkable ring grain (I parted with several hundred dollars for it), but it also has a deep, mostly hidden ‘sand pocket’ that likely would have led to its being ‘graded out’ and left unfinished by Dunhill after sandblasting. Another fake 844, a Bruyere with a questionable beveled bottom, shows upon close examination serious briar flaws only partially carved away by the bevel, there is no way that Dunhill would have knowingly allowed that pipe to be finished in the factory much less sold under its name. A defect of a different sort is found in a fake 847 Bruyere that in comparison with the authentic evidences an eighth of an inch ‘topping’ of the bowl, undoubtedly to eliminate a flaw. I strongly suspect that each of these fake ODAs came from unfinished bowls ‘graded out’ by Dunhill during the course of  production in the ‘50s and ‘60s and pilfered from the factory’s ‘unfinished bowls’ storage boxes and finished up in the early ‘80s.
L'étape suivante de l'examen c’est de chercher les défauts. La fausse Shell ODA 844 dont j’ai parlé plus haut est une pipe d’exception avec un ring grain remarquable (j’ai dépensé plusieurs centaine de dollars pour elle) mais elle a aussi un profond " bac à sable" (sandpocket) qui bien que presque caché l’aurait probablement conduite à être " dégradée " et laissée de côté par Dunhill après le sablage. Une autre fausse 844, une Bruyere avec un fond biseauté douteux, montrait après un examen approfondi de sérieux défauts dans la bruyère que le biseau rattrapait seulement partiellement, il est impossible que Dunhill ait en toute connaissance de cause laissé achever cette pipe dans l’usine et encore plus l’ait laissé vendre sous son nom. On trouve un défaut de type différent sur une fausse 847 Bruyere qui comparée à une authentique montre à l’évidence que la tête a été raccourcie d’1/8’, sans nul doute pour éliminer un défaut. Je soupçonne fortement que chacune de ces fausses ODA provient de têtes inachevées " dégradées " par Dunhill en cours de production durant les années 50 et 60, dérobées ensuite dans les stocks de têtes non finies de l’usine puis finies au début des années 80.
 
Another aspect of your ‘defects’ examination for smooth pipes should be the finish, as I have found two Bruyere 1980s fakes with a Bruyere finish that is ‘not quite right’. The color and the depth of color is off, much like a good ‘body shop’ paint job as compared to the original factory paint job on a car.   And as you continue to examine the pipe for flaws, its appropriate again to lift your head and ask the would be seller if he is aware of any flaws not all pipe sellers will volunteer that sort of information unasked but few will withhold what they know when asked, especially when you are in the course of inspecting the pipe. Then again remember that not all sellers have carefully examined the pipe they are selling. Still it can never hurt to ask.
Un autre élément de votre recherche de défauts sur les pipes lisses peut se trouver dans la finition : c’est ainsi que j’ai trouvé dans les faux de 1980 deux Bruyere avec une finition Bruyere " qui ne va pas ". La couleur et la profondeur sont inadéquates, davantage comme une bonne peinture de carrossier par rapport à la peinture d’usine d’une voiture. Et pour poursuivre votre recherche des défauts d’une pipe, il est encore opportun de lever la tête et de demander au potentiel vendeur s’il est au courant d’un défaut sur la pipe tous les vendeurs de pipe ne vous donneront pas ce genre d’information si vous ne le demandez pas, mais peu d’entre eux garderons pour eux ce qu’ils savent si vous le demandez, particulièrement lorsque vous êtes en train d’examiner la pipe. Rappelez-vous également que tous les vendeurs n’ont pas examiné soigneusement la pipe qu’ils sont en train de vendre. Mais ça ne fait pas de mal de demander.
 
While others, who admittedly have a better eye, would differ I am generally hesitant to draw conclusions from apparent Dunhill bits as Dunhill was always happy to make custom variations for customers and in any event wear itself can alter. But I do find that the dot can be revealing. While I have seen the wrong size dot on one fake, more importantly I have found several fakes where magnification shows that while the dot is correctly sized it is slightly ‘out of round’. I have never known ‘out of round’ dots on factory bits, no doubt because the factory has always had appropriate tooling. On the other hand I have learned from personal experience that hand sanding to achieve a correctly sized, ‘in the round’, dot (actually a cylinder) is a considerable task, which I have never quite achieved. Of course an ‘out of round’ dot points only to a non factory bit, not necessarily a fake pipe. But it can be an important piece of evidence, most especially when the pipe otherwise appears to be in lightly smoked pristine condition.  
A la différence d’autres, qui admettons-le ont un oeil plus affuté, j’hésite en général à tirer des conclusions sur l’apparence des tuyaux Dunhill car Dunhill a toujours été heureux de personnaliser les tuyaux pour ses clients et dans tous les cas l’usure en elle même peut les modifier. Mais je cherche ce que le point blanc peut révéler. Alors que sur un faux j’ai vu un point qui n’était pas de la bonne taille, j’ai surtout trouvé plusieurs faux où l’agrandissement montre que si le point est de taille correcte, il est légèrement ovalisé. Je n’ai jamais rencontré de point ovalisé sur des tuyaux originaux, sans doute parce que l’usine a toujours utilisé les outils appropriés. D’un autre côté j’ai appris de mon expérience personnelle que poncer à la main pour obtenir un point de taille correct, bien rond (en fait c’est un cylindre) est un boulot important, que je n’ai jamais pu totalement réussir. Bien sûr un point ovalisé indique seulement un tuyau qui n’est pas original, pas obligatoirement une fausse Dunhill. Mais ce peut être un élément de preuve important, plus particulièrement lorsque par ailleurs la pipe semble être peu fumée et en parfaite condition ("pristine ").  
 
Before turning to nomenclature, the overall condition of the pipe should also be addressed. Almost all of the 1980s fakes came to America as pristine unsmoked pipes. But not all and in any event by now most all have been at least lightly smoked. So a smoked pipe, even a well smoked pipe, showing wear is no guarantee of authenticity. Further,  a number of the fakes I have seen were not strongly stamped and thus the nomenclature on those pipes tend to look more worn then is actually the case. On the other hand if wear is no guarantee, the lack of wear is grounds for suspicion. The 1980s fakes uniformly purport to date to before the beginnings of briar pipe collecting. That is to an age when pipes were bought to be smoked all day, buffed weekly at the pipe shop and all too often banged about in-between. While most certainly not all pipe smokers of those earlier days were quite so barbaric but none the less unusual pristine pipes purporting to be from that age may reasonably give rise to suspicion.
Avant de se tourner vers la nomenclature, on doit également considérer l’aspect d’ensemble de la pipe. La plupart des faux des années 80 est arrivé en Amérique comme des pipes non fumées, en parfaite condition. Mais pas toutes, et de toute façon à présent la plupart ont été au moins un petit peu fumées. Aussi une pipe fumée, et même bien fumée, qui montre une certaine usure n’est pas une garantie d’authenticité. Bien plus sur un certain nombre des faux que j’ai vu les marquages n’étaient pas fortement appuyés et donc la nomenclature de ces pipes a tendance à apparaître plus usée qu’elle ne l’est en réalité. D’un autre côté, si l’usure n’est pas une garantie, le manque d’usure est suspect. Les faux de 1980 sont tous supposés dater d’avant les collections de pipe de bruyère. C’est-à-dire une époque où les pipes étaient achetées pour être fumées tous les jours, polies chaque semaine chez le marchand de pipes et trop souvent cognées partout entretemps. Tous les fumeurs de pipes de ces temps anciens n’étaient certainement pas aussi barbares, mais à tout le moins des pipes dans un état exceptionnel qui prétendent dater de cette époque, doivent raisonnablement soulever des doutes.
 
Generally Dunhill nomenclature was (and is) stamped by ‘block’ stamping tools rather then by individual words or letters. For example for smooth finished pipes from the first half of the 20th century, one tool stamped  in a single strike the MADE IN ENGLAND, patent nomenclature and date code.  This tool would be changed out each year to provide for the new date code. Similarly for Shells for the most part a single strike of a tool would stamp DUNHILL SHELL, MADE IN ENGLAND, the patent nomenclature and the date code.  This tool likewise being changed out each year to accommodate the new date code.  
D’ordinaire la nomenclature Dunhill était (et reste) marquée " en bloc " de lettres plutôt qu’avec des mots ou des lettres séparés. Par exemple pour les pipes de finition lisse de la première moitié du 20ème siècle, un outil marquait en une seule frappe le MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet (patent)  et le code de date. Cette griffe devait être changée chaque année pour donner le nouveau code de date. De la même façon pour les Shell un seul outil en une seule frappe marquait DUNHILL SHELL, MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet et le code date. Cet outil de la même façon était changé chaque année pour intégrer le nouveau code de date.
 
There were of course special circumstances, and the necessary tools, such as when there was only limited stamping space on the pipe. Likewise during World War II when annual replacement tools were difficult to obtain, for at least a few war years many pipes were stamped with a stamp lacking  a date code. But the use of these types of stamps on pipes equivalent in size to group 6 or larger should always raise a suspicion because pipes of such size have ample room for stamping and as discussed earlier pipes of that size are questionable in the context of World War II.
Il y a eu aussi bien sûr des circonstances particulières, et les outils adaptés, par exemple quand l’espace de marquage sur la pipe était limité. De la même façon durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le changement annuel de griffes était difficile à obtenir, de nombreuses pipes au moins durant quelques années de guerre furent marquées avec une griffe à laquelle manquait le code de date. Mais l’utilisation de ce type de marquage sur des pipes correspondant à un groupe 6 ou plus doit toujours faire naître des soupçons car des pipes de cette taille ont toujours amplement la place de porter un marquage et comme évoqué plus haut des pipes de cette taille sont douteuses dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale.  
 
From the 1980s fakes that I have examined it appears that the carvers had only limited access to Dunhill stamping tools and had to do their stamping by hand without any special vices. This leads to a number of stampings that should automatically raise suspicion.
En ce qui concerne les faux des années 80 que j’ai examinés, il semble que les pipiers aient eu un accès très limité aux griffes de marquage Dunhill et ont dû faire leurs marquages à la main sans qu’il y ait eu là de vice particulier. Ceci conduit certains marquages à faire naître automatiquement des soupçons.
 
The small magnum Root ‘LB’ and the 7” long tall Chimney bruyere ‘OD’ I wrote of earlier both appear to have been stamped by the same person. Specifically both are stamped  “MADE IN ENGLAND” [above] “PATENT No 417574”  with the lower line extending beyond the upper line and followed by an underlined dated code of the same font size, in one case 16 and the other case 17. This stamp is bogus on at least (I could go on) four counts. First, in the 1930s the date code was a smaller font then the preceeding letters or numbers; Second, date code always followed the shortest line (which in this case would have been the top line rather then the lower line) so as to even out the two lines; Third, on both pipes the date code is obviously hand stamped and not part of a single stamping tool; and Fourth, in 1936 and 1937 PATENT was abbreviated to PAT. in conjunction with 417574 so that, the lower line of the stamps using the 417574 patent were always shorter then the top line. Given that I have seen this bogus stamping on two pipes one may anticipate that there may be others.
La petite Root LB magnum et l’OD bruyere chimney longue de7 " évoquées plus haut semblent avoir été marquées par la même personne. Plus précisément les deux sont marquées " MADE IN ENGLAND " [au-dessus] " PATENT No 417574 " avec la ligne inférieure s’étendant sous la ligne supérieure et suivie par un code date souligné de la même taille de caractères, dans un cas 16 et dans l’autre 17. Ce marquage est trompeur à au moins (je peux le préciser) quatre titres. D’abord, dans les années 30 le code date était d’une police de caractères plus petite que les lettres ou les chiffres qui précédaient ; ensuite les code date étaient toujours au bout de la ligne la plus courte (qui dans ce cas aurait dû être la ligne supérieure plutôt que l’inférieure) de manière à égaliser les deux lignes ; en troisième lieu, sur les deux pipes le code date est manifestement marqué à la main et n’appartient pas à une griffe de marquage unique, et enfin en 1936 et 1937 PATENT était abrégé en PAT par rapport au 417574 pour qu’ainsi la ligne inférieure du marquage qui reprenait le numéro de brevet 417574 soit toujours plus courte que la ligne du dessus. Etant donné que j’ai rencontré ce marquage fallacieux sur deux pipes, on peut deviner qu’il y en a eu d’autres.




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Two other supposed pre-1952 smooth finished pipes I have seen, one purportedly a Root “LC” and the other purportedly a Bruyere “LP” (sic, whatever that may be – the pipe looks like an LC) are distinguishable by what is not there, namely the complete MADE IN ENGLAND, patent number, date code block is missing. It is incredible that Dunhill would release  pipes like that without that stamping block. The absence of  expected stampings is always grounds for suspicion, especially when as with these two pipes, there is ample stamping room.
Deux autres pipes en finition lisse que j’ai vues, prétendument d’avant 1952, l’une supposément une Root "LC" et l’autre prétendument une Bruyere "LP" (sic, quoi que ça puisse être, la pipe ressemble à une LC) se distinguent par ce qui n’est pas là, à savoir que le bloc complet MADE IN ENGLAND, numéro de brevet et code date manque. Il est invraisemblable que Dunhill ait pu laisser sortir des pipes telles que celles-là sans ce marquage. L’absence des marquages attendus doit toujours faire naître des soupçons, particulièrement quand comme pour ces deux pipes il y a objectivement assez de surface pour le faire.
           
 
A common stamping found on 1980s fake Shells (other then ODAs) is the World War II stamping discussed earlier that lacks a date code:  DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [over] PATENT No1341418/20 . In and of itself by all appearances this is a correct Dunhill stamp for the war time period and since it was no longer in use in the early 1980s it was probably easily ‘lifted’ from the factory. However, uniformly to one degree or another, on all the fakes I have seen with this stamp it was not stamped on a horizontal level as would be the case if it was stamped in the Dunhill factory, but rather at an angle, sometimes slight, sometimes more pronounced, with the D of DUNHILL at the high point.
Un marquage communément trouvé sur les fausses Shell de 1980 (autres que les ODA) est le marquage de la Seconde Guerre Mondiale évoqué plus haut auquel il manque un code date. DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au-dessus] PATENT No1341418/20. En soi même par tous ses aspects il s’agit d’un marquage Dunhill correct pour la période de guerre et comme il n’était plus utilisé depuis longtemps au début des années 80 il fut probablement plus facilement " embarqué " de l’usine. Cependant et de manière uniforme, à un degré ou l’autre sur tous les faux que j’ai vu qui portaient ce marquage celui-ci n’était pas marqué à l’horizontale comme c’aurait été le cas s’il avait été marqué à l’usine Dunhill, mais plutôt de travers, parfois légèrement, parfois de façon plus prononcée, avec le D de Dunhill au point le plus haut.




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The fake Shell ODAs that I have seen appear by enlarge to be correctly stampedThere are some with tell-tale warning signs. Most obviously ODA [over] 834 in one font overstamping an ODA [over] 824 in a different font. Note also two fake 844 Shells with the lower portion of the D in ENGLAND clipped off at an angle. But I suspect that of all the 1980s fakes there will be some fake post-patent number ODAs in shapes considered rarer in the 1980s then now  that will never be caught simply because they were made from correct, unflawed bowls with proper stampings.   Yet in a very real sense this is of no great concern, as made from correct, unflawed bowls with proper stampings, of all the 1980s fakes these are fakes only in the sense that they were never part of the official Dunhill retail stream. Value wise because the shapes are no longer considered particularly rare and because the 1980s fakes carry a collectible value as such, there is probably little if any value difference which ever way they are viewed.  
Les ODA Shell falsifiées que j’ai vues semblent en gros être correctement marquéesIl y en a quelques-unes avec des signes suspects. Bien évidemment ODA [au-dessus] de 834 en une police de caractère particulière recouvrant un ODA [au-dessus] de 824 dans une police différente. A noter également deux SHELL 844 fausses avec la partie la plus basse du D de ENGLAND coupée à un angle. Mais je soupçonne que dans tous les faux de 1980 il y a eu quelques fausses ODA datant d’après la période des "patent" et des formes qu’on pensait plus rares en 1980 mais qu’on n’a jamais décelé simplement parce qu’elles étaient faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages appropriés. Déjà à proprement parler il n’y a pas vraiment à s’inquiéter, comme elles sont faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages adéquats, entre tous les faux des années 80 elles ne sont fausses qu’au sens où elle n'ont jamais appartenu à la production officielle de Dunhill. En valeur, parce que ces formes ne sont plus désormais considérées comme particulièrement rares et parce que les faux de 1980 ont une valeur de collection en tant que tels, la différence est probablement minime si elle existe de quelque point de vue qu’on se place.
 
Lastly in terms of nomenclature, although I have not seen the following stamp used on any 1980s fakes thus far, there appears be a Dunhill stamping tool dating to 1937 that reads: DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [over] PAT. No 41757417  in the hands of some illiterate who has used it to stamp at least 3 different ‘group 4sh’ fake smooth finished pipes. These three fakes belong in the same uninteresting category as the Irish antique shop 20 Euro fake I wrote about above, however, the possibility exists that this stamp was initially stolen from the Dunhill factory in the early 1980’s and perhaps used on some of the 1980s fakes.
En dernier lieu en matière de nomenclature, bien que je n'ai jamais vu le marquage qui suit utilisé sur aucun des faux des années 1980 jusqu’ici, il y a un qui semble  être une griffe de marquage Dunhill de 1937 qui dit : DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au dessus] PAT. No 41757417. Il est passé entre les mains d’un analphabète qui a utilisé ce marquage sur au moins trois différents fausses Groupe 4 à la finition lisse. Ces trois faux appartiennent à la même catégorie sans intérêt que le faux à 20 euros de la boutique de brocante irlandaise dont j’ai parlé plus haut, toutefois il existe une possibilité que cette griffe ait été au départ dérobée dans l’usine Dunhill au début des années 80 et peut être utilisée sur quelques-uns des faux des années 80.




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Returning to our two thousand dollar Dunhill rarity, having now carefully reviewed the pipe, its nomenclature and along the way asked seller for its provenance and any known flaws, its time to step back and weigh the accumulated data and ask yourself again the question you began with: all things considered does this pipe feel right? More often then not you will answer yourself in the affirmative, for as I wrote initially there just weren’t that many 1980s fakes.  
Revenons maintenant à notre Dunhill rare à deux mille dollars : après avoir maintenant examiné soigneusement la pipe, sa nomenclature et en cours de route demandé au vendeur d’où elle venait et s’il lui connaissait des défauts,  il est temps de faire un retour en arrière, de peser les différentes données accumulées et de se poser la question du départ : tout bien considéré, est-ce que ça va avec cette pipe ?  
Le plus souvent vous répondrez par l’affirmative, d’autant que j’ai écrit au début que des faux des années 80, ’il n’y en avait pas tant que cela.  
But what if the answer is that it is a fake.  And what if, after explaining your conclusions to the seller he agrees and offers the pipe to you as a 1980s fake at a reasonable price.  And what if you make the trade and now have the fake in your hands.  What do you do with it? And here I come to a parting of the ways with some good friends and respected collectors. For I believe that with the pipe in hand, your first obligation to your fellow collectors is to put an “X” across the D in DUNHILL (heating a screwdriver blade with a lighter for two angled strikes across the D will do the trick). Thus for all time putting collectors on notice that the pipe is not a correct Dunhill.  
 
Mais que faire s’il s’avère que c’est un faux? Et que faire si, après avoir expliqué vos conclusions au vendeur il tombe d’accord avec vous et vous propose la pipe en tant que faux des années 80 à un prix raisonnable ? Et que faire si vous concluez l’affaire et que vous vous retrouvez avec le faux entre les mains ? Qu’allez-vous en faire ? Et ici je me trouve à la croisée des chemins avec quelques bons amis et des collectionneurs respectés. Car je crois qu’avec cette pipe entre les mains, votre première obligation envers vos camarades collectionneurs est de mettre un X en travers du D de Dunhill (chauffez une lame de tournevis avec un briquet pour faire un marquage en croix sur le D et le tour est joué). Ceci avertira les collectionneurs pour les temps à venir que cette pipe n’est pas une vraie Dunhill.
Traditionally, this has not been the choice of most who rather have preferred to smoke and enjoy the fake unblemished and if they tire of it, trade it way to another trusted collector with full disclosure. The problem as I see it, is that sometimes trusted collectors are not so trustworthy; that sometimes when times get hard and our families are at stake, neither you nor I are so trustworthy; and sometimes when we unexpectedly depart this world our families have no idea that one of our favorite pipes is a fake. And so with all the good intentions in the world we look back (down or up) to discover that we have perpetuated the quarter of a century old fraud. Thus I respectfully submit that just as we owe it to our neighbors not to house a tiger that could get loose despite our best efforts, so too we owe it to our fellow collectors to brand the remaining 1980s fakes, least they get ‘loose’, while we enjoy them for the fine pipes that they are and the interesting history they represent.
 
De manière générale, beaucoup n’ont pas fait ce choix et ont préféré fumer et apprécier ce faux parfait et quand ils en avaient assez, l’échangeaient avec un autre collectionneur de confiance sans rien lui cacher. Le problème tel que je le vois, c’est que parfois les collectionneurs de confiance ne sont pas si dignes de confiance. Que parfois quand les temps deviennent durs et que ce sont nos familles qui sont en jeu, ni vous ni moi ne sommes si dignes de confiance. Et parfois quand nous quittons ce monde sans préavis nos familles n’ont aucune idée du fait que l’une de nos pipes favorites est un faux. Et c’est ainsi qu’avec les meilleures intentions du monde nous pouvons voir d’en haut (ou d’en bas) que nous avons contribué à perpétuer une fraude vieille d’un quart de siècle. Aussi je suggère respectueusement que de même que nous devons à nos voisins de ne pas héberger un tigre qui pourrait se libérer en dépit de tous nos efforts, de même nous devons à nos camarades collectionneurs de marquer les faux des années 80 qui subsistent, qu’au moins ils ne ‘s’échappent pas’ pour qu’ensuite nous puissions les apprécier pour les pipes parfaites qu’elles sont et l’histoire intéressante qu’elles représentent.


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Latest revision as of 13:31, 6 August 2019

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LES FAUSSES DUNHILL DES ANNEES 80 © JOHN C LORING : used by permission
Contributed and translated by Jean-Christophe Bienfait

Les changements et même les quelques bouleversements qui s’emparèrent de la très conservatrice maison Dunhill commencèrent au milieu des années 70. Lane Limited, y compris la gamme de pipes Charatan, fut acquise en 1976 et au début des années 1980 les usines Dunhill furent réorganisées, un certain nombre de pipiers licencié et il y eut beaucoup de mécontentement parmi ceux qui restaient. Mais avec cette fusion, il n’y eut pas que quelques pipiers à disparaître, mais également des outils, des griffes, de la bruyère brute, et quelques têtes inachevées qu’on avait mises de côté dans les stocks de l’usine. Et à la fin de la journée de travail, ceux qui étaient encore employés et ceux qui n’avaient plus d’emploi se retrouvaient au pub pour discuter de l’injustice de tout ça.

A la même époque de l’autre côté de l’Atlantique naissait un étrange nouveau hobby, la " collection de pipes de bruyère déjà fumées " avec les Dunhill comme joyaux de la couronne de ces pionniers américains de la collection de pipes. Très vite il y eut des Pipe Show, des listes de commandes, des soirées animées au téléphone et même des visites en Angleterre pour sauver de la poubelle des pipes déjà fumées. On paya des centaines, voire des milliers de dollars pour des Dunhill utilisées, promptement renommées " Estates", les prix les plus hauts étant payés pour les plus grosses et les plus anciennes.

Et voilà comment se passa, à notre sens, ce qui fut notre tempête du siècle : en Angleterre il y avait des pipiers de Dunhill et Charatan mécontents avec les moyens à portée de main et en Amérique des collectionneurs affamés avec de l’argent plein les mains. Pas besoin de dire que d’une façon ou l’autre, la connexion se ferait.

Un des tous premiers signes en 1983 peut bien avoir été une Dunhill LC bien réelle du début des années 20 au sablage usé, à la tige abîmée et avec une nomenclature assez peu lisible. Une tige réduite de ¼’ (0,6 cm), une mortaise refaite, un tuyau de remplacement plus long qui lui correspondait, la pipe reteinte et remarquée avec une griffe " empruntée " de la Seconde Guerre Mondiale qui ne manquait à personne, et pour " le petit bonus ", un marquage avec les très rares lettres " LLC ". Un " L" supplémentaire qui ferait oublier à n’importe quel collectionneur le sablage usé et reteint et la tige coupée.

Mais pourquoi tourner autour du pot et perdre son temps à traquer des pipes rares et abîmées pour les refaire et les transformer quand au lieu de ça vous pouvez en faire des neuves. Tout particulièrement alors que les connaissances de base de ce nouveau domaine de la collection étaient encore limitées et mêlées au mythe. Mis à part les formes ODA communes, il y avait peu d’exemples concrets de pipes de très grandes dimensions. On considérait les Magnum comme des raretés peu communes qui se comptaient sur les doigts d’une seule main, peut être les deux au mieux. On pensait que les A, B, C des ODA, ODB et ODC correspondaient respectivement à América, Bermuda et Canada. Dater un numéro de brevet d’une Dunhill prenait des airs de divination. Les premiers catalogues Dunhill étaient indisponibles dans une large part et certains n’avaient absolument pas été étudiés. Et plus important à cette époque personne n’avait encore fabriqué une pipe qui "ressemblait à une Dunhill et sentait comme elle", sauf bien entendu Dunhill.

Et ainsi en 1984, après qu'une présentation privée eut rencontré le succès, le grand début fut vraiment la première exposition de l’année organisée par l’un des principaux collectionneurs de l’époque. Trente pipes en tout y compris 4 shell presque magnums portant des numéros de forme extrêmement rares ou jusqu’alors inconnus, trois « LC » de finition lisse, deux Root et une Bruyere, dont l’une avec un numéro de forme inconnu auparavant, trois ODA non fumées, extrêmement rares, une Bruyere et une Shell 844 et une Shell 824, un certain nombre d’ODA recherchées dans des finitions variées, souvent non fumées, et deux impressionnantes Canadiennes supposément d’avant la Seconde Guerre Mondiale, chacune longue de 9 pouces (20 cm) avec une tige de 5 ¾ (14,6 cm), une Bruyere avec un petit fourneau de 1 ¾ de pouces (4,44cm) de haut et une Shell avec une tête de taille moyenne de 2 ¾ de pouces de haut (6,98 cm). Rien de pareil n’avait jamais été vu, ni même imaginé auparavant. Il est à peine besoin d’ajouter que cette exposition se vit remettre une distinction et la Shell Canadian fut désignée « Best of Show ».


Loring-1980sFakeDunhill1.jpg
Loring-1980sFakeDunhill2.jpg

La plupart d’entre elles, y compris les deux impressionnantes canadiennes étaient des faux.

Les pipes et des milliers et des milliers de dollars en cash changèrent de main au fur et à mesure que l’étalage se vidait. Et fait remarquable, dans les mois suivants on vit sortir des Dunhill également rares et inhabituelles et même des Charatan.

Mais il y en avait qui dès le début, avaient des soupçons et comme les détails demeuraient douteux, la fraude fut découverte à temps. Le "collectionneur de billets de banque" disparut de la scène, son nom devenant tabou dans les conversations civilisées alors que les innocents collectionneurs bernés se retiraient pour panser leurs plaies, parfois importantes. Quelques-uns furent assez courageux pour détruire leurs faux chèrement acquis. La plupart des autres les mirent de côté. Et pour certains l’expérience fut si amère qu’ils abandonnèrent définitivement la collection.

Outre Atlantique, la connaissance de la fraude, limitée à ces collectionneurs américains excentriques, resta largement inconnue. Quelques pipes encore non expédiées furent tranquillement mises de côté et tout cet épisode désolant fut oublié au milieu de l’excitation que créaient des deux côtés de l’Atlantique deux nouveaux dans le domaine de la pipe anglaise de première qualité, Ashton et Upshall.

Tout compris, peut-être cinquante ou même 75 fausses " vieilles Dunhill "» furent concernées. Assez peu significatif en termes de nombre. Mais, étant donné la qualité de la falsification et leur prétendue rareté, elles n’étaient pas de moindre importance. Pour de nombreuses années, une fois les collectionneurs bien avertis de la déroute, et les pipes litigieuses détruites ou mises de côté, ce fut suffisant pour que tout le monde récupère tranquillement. Mais au fur et à mesure que le temps passait, que les collectionneurs vieillissaient et que la mémoire collective faisait défaut, innocemment ou non ces pipes ont commencé à sortir de l’ombre.

Vers la fin des années 90 un commerçant lors d’un voyage d’affaire en Angleterre en dénicha deux qui n’avaient jamais fait les Etats-Unis. Il les reconnut pour ce qu’elles étaient et lorsqu’il retourna en Amérique eut l’honnêteté de les vendre comme telles. Alors que des collectionneurs âgés liquidaient leurs collections, d’autres faux sortaient du couvert pour être également vendues pour ce qu’elles étaient. Mais, plus troublant, dans les dernières années on en a vu une ou deux sur e-bay proposées à un ou deux ans d’intervalle pour des vraies. Et même plus alarmant, par le bouche à oreille, plusieurs pièces d’une « collection » ont été sans succès, (au moins quand ces lignes sont écrites) proposés à la fois en Amérique et à l’étranger, encore comme des vraies, et à des prix importants. Il est du coup important pour quiconque d’essayer de prodiguer quelques conseils, et ayant eu l’opportunité d’avoir en main plus de deux douzaines de ces pipes, je vais essayer de le faire.


D’abord, il faut bien comprendre que l’on parle dans la plupart des cas de pipes de première qualité vendues en connaissance de cause comme étant des faux et évaluées facilement et constamment à des centaines de dollars. En fait en une occasion j’avais proposé pour l'une d'entre elle un millier de dollars, et il y a une autre qu'à ce jour, tout bien considéré j'aurais évalué à deux fois son prix. Dans la plupart des cas ces pipes étaient fabriquées avec de la bruyère Dunhill par des pipiers ou d’ex pipiers Dunhill et la plupart du temps c’étaient des faux seulement au sens où elles portaient de faux marquages qui les dataient d'avant les années 80 et souvent les identifiaient à tort comme des formes rares. Ou d’un autre côté, pour la plupart de ces pipes, il n’aurait pas été faux de les considérer uniquement comme de simples Dunhill du début des années 80, ou de façon peut-être plus juste, similaires à la meilleure qualité des alternatives aux Dunhill anglaises des années 80, comme Ashton ou Upshall.

La seconde chose qu’il faut comprendre c’est qu’on ne parle pas ici des Dunhill habituelles. A tout le moins, ces pipes, étaient censées être des formes rares d’ODA, de LC, ou de pipes inhabituellement grosses qui si elles étaient authentiques ne vaudraient pas moins de quelques centaines de dollars et souvent plusieurs milliers. En d’autres termes s’il vous arrive de voir, comme je l’ai fait l’autre jour, une Dunhill Gr 4 non fumée, qui ne semble pas tout à fait "comme il faut", avec une nomenclature irrégulière, à laquelle il manque le code date, et achetée pour 20 euros dans une boutique d'antiquités irlandaise, vous êtes très probablement en train de contempler un faux, mais bien loin de jouer dans la même catégorie que les fausses Dunhill des années 80.

Ceci dit, lorsqu’e vous tenez en main une prétendue rareté de chez Dunhill à deux mille dollars, jetez un coup d’oeil à la nomenclature pour repérer la date et la forme mais d’abord concentrez-vous sur la pipe elle-même pour entamer un processus d’identification qui en général consistera a accumuler de petits bouts de données justificatives qui s’additionneront puis en définitive vous conduiront à une conclusion sûre.

D’abord et avant tout, demandez-vous, étant donné le code date, si cela semble plausible. Une petite magnum type LB Root semi grain droit haute de 2 ¼” (5,7cm) de 7” de long (17,8 cm) colle bien avec une " Collector " des années 80 mais assez peu avec une Dunhill Root de 1936. De même une prétendue Canadian OD de 1937 de 7” long (17,8 cm) avec un haut foyer chimney en finition Bruyere et un look globalement années 80 semble complètement déplacée en tant que pièce des années 30.

Un bon nombre de ces faux des années 80 prétend dater de la Seconde Guerre Mondiale, une époque où la capacité de production était limitée, la bruyère était limitée, les possibilités d’exportation étaient limitées, et le marché domestique c.a.d. anglais, préférait les pipes de petite taille. Après le Blitz qui détruisit en grande partie la boutique londonienne de Duke Street, et pour les années de guerre restante les clients faisaient la queue dehors dans l’espoir d’acquérir n'importe quelque pipe. Dans ce contexte, l'essentiel de ces faux des années 80, qui prétend dater de cette période de guerre, et taillés dans une bruyère qui aurait pu fournir deux pipes plus petites, voire plus, fait plutôt tache.

Les caractéristiques du sablage Dunhill ont changé au fil des années et ces changements peuvent être nettement parlant étant donné le style de sablage superficiel et délicat des années 80. Par conséquent c’est pour le moins difficile de passer d’un sablage des années 80 à ceux de l’époque des années 20 ou de la première moitié des années 50 où prédominaient les sablages ravinés et profonds. Et bien que les comparaisons deviennent moins nettes quand on les rapproche des sablages des années 30 et de la deuxième moitié des années 50, les différences peuvent au moins permettre d’éveiller les soupçons. (il est important de noter qu’à la différence des plus petites pipes, le sablage des pipes magnum des années 30 continue à présenter le sablage raviné des années 20).

Un aspect du style particulier de bon nombre de ces fausses Shell des années 80, c’est l’épaisseur des parois en haut du fourneau, qui offre également un point de repère utile car les têtes aux parois épaisses sont excessivement rares parmi les premières Dunhill Shell. C’est vrai même des magnums patent, qui bien que plus grosses que la moyenne des pipes du type LC, voyaient les parois de leurs grosses têtes qui tendaient à s’affiner vers le haut.

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En bref, bien qu’on doive toujours avoir à l’esprit que tout est possible, lorsque la pipe ne semble pas s’accorder à la période à laquelle elle est supposée avoir été taillée, les feux d’avertissement doivent commencer à clignoter.

Et quand ces feux d’avertissement commencent à clignoter, la règle fondamentale est de regarder la pipe et de demander tranquillement au vendeur s’il peut vous en dire plus sur la provenance de la pipe. Les pipes à mille dollars et plus ne sont pas chose commune et le moins que vous puissiez attendre d’un vendeur qui demande ce niveau de prix c’est de se souvenir comment il a eu la pipe et peut-être de pouvoir en dire un peu plus. Un exemple pervers c’est celui d’une fausse Shell 844 des années 80 pour laquelle on peut remonter à travers ses sept propriétaires successifs jusqu’à son premier vendeur, frauduleux. Ce que vous devez rechercher c’est un retour en arrière sûr qui, soit vous ramène au minimum aux années 70, soit vous entraîne loin des cercles de collectionneurs jusqu’à un fumeur de pipe ordinaire qui par hasard a fait l’acquisition d’une pipe extraordinaire. A défaut de cela, les clignotants d’avertissement doivent s’intensifier.

Regardons ensuite la forme de la pipe en regard du prétendu marquage de code forme. L’exemple le plus flagrant des exemples de faux des années 80 que je connaisse à cet égard est celui d’une Oom Paul à fond plat d’une taille presque magnum avec une tête de 2 pouces ¾ (6,69 cm) marqué comme une très rare " LY ". En fait la vraie " LY " est une groupe 4 plutôt grosse (ou à l’inverse une groupe 5 plutôt petite) avec un tuyau ¾ bent et un fond arrondi. On trouve également une série de taille très grande jusqu’à être proche de magnum marquée avec des marquages commençant par un " H "par exemple " HLP", " HB ", " HP" tous ces marquages jamais rencontrés ailleurs que sur ces faux. En bref, au moment de rédiger un chèque de deux mille dollars, si vous trouvez que le code de forme frappé sur la pipe que vous chérissez ne correspond pas aux exemples des catalogues ou par ailleurs est inconnu, rangez votre stylo pour un examen plus approfondi. Quelques formes de Dunhill ont changé légèrement au fil du temps et la plupart des formes Dunhill, mais pas toutes, (particulièrement les codes de forme en lettres) a été décrite dans les catalogues mais une variation extraordinaire dans la forme ou une absence sur les catalogues doit au moins éveiller l’attention (il faut noter qu’au début des années 80 Dunhill sortit d’assez grandes pipes (plutôt inhabituelles) avec des codes de forme commençant par un " H ", par exemple la " HNL " une churchwarden courbe avec un fond rond qui se dévissait. Cependant on peut facilement faire la différence car elles portent toutes des codes date de milieu des années 70 et plus tard, alors que les faux des années 80 prétendent toujours dater des années 60 ou auparavant. A mon avis une bonne règle de conduite à suivre c’est que toute « grosse » pipe portant un code de forme commençant par un " H " et prétendant dater des années 60 ou d'auparavant doit éveiller le soupçon d’un faux).


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L'étape suivante de l'examen c’est de chercher les défauts. La fausse Shell ODA 844 dont j’ai parlé plus haut est une pipe d’exception avec un ring grain remarquable (j’ai dépensé plusieurs centaine de dollars pour elle) mais elle a aussi un profond " bac à sable" (sandpocket) qui bien que presque caché l’aurait probablement conduite à être " dégradée " et laissée de côté par Dunhill après le sablage. Une autre fausse 844, une Bruyere avec un fond biseauté douteux, montrait après un examen approfondi de sérieux défauts dans la bruyère que le biseau rattrapait seulement partiellement, il est impossible que Dunhill ait en toute connaissance de cause laissé achever cette pipe dans l’usine et encore plus l’ait laissé vendre sous son nom. On trouve un défaut de type différent sur une fausse 847 Bruyere qui comparée à une authentique montre à l’évidence que la tête a été raccourcie d’1/8’, sans nul doute pour éliminer un défaut. Je soupçonne fortement que chacune de ces fausses ODA provient de têtes inachevées " dégradées " par Dunhill en cours de production durant les années 50 et 60, dérobées ensuite dans les stocks de têtes non finies de l’usine puis finies au début des années 80.

Un autre élément de votre recherche de défauts sur les pipes lisses peut se trouver dans la finition : c’est ainsi que j’ai trouvé dans les faux de 1980 deux Bruyere avec une finition Bruyere " qui ne va pas ". La couleur et la profondeur sont inadéquates, davantage comme une bonne peinture de carrossier par rapport à la peinture d’usine d’une voiture. Et pour poursuivre votre recherche des défauts d’une pipe, il est encore opportun de lever la tête et de demander au potentiel vendeur s’il est au courant d’un défaut sur la pipe – tous les vendeurs de pipe ne vous donneront pas ce genre d’information si vous ne le demandez pas, mais peu d’entre eux garderons pour eux ce qu’ils savent si vous le demandez, particulièrement lorsque vous êtes en train d’examiner la pipe. Rappelez-vous également que tous les vendeurs n’ont pas examiné soigneusement la pipe qu’ils sont en train de vendre. Mais ça ne fait pas de mal de demander.

A la différence d’autres, qui admettons-le ont un oeil plus affuté, j’hésite en général à tirer des conclusions sur l’apparence des tuyaux Dunhill car Dunhill a toujours été heureux de personnaliser les tuyaux pour ses clients et dans tous les cas l’usure en elle même peut les modifier. Mais je cherche ce que le point blanc peut révéler. Alors que sur un faux j’ai vu un point qui n’était pas de la bonne taille, j’ai surtout trouvé plusieurs faux où l’agrandissement montre que si le point est de taille correcte, il est légèrement ovalisé. Je n’ai jamais rencontré de point ovalisé sur des tuyaux originaux, sans doute parce que l’usine a toujours utilisé les outils appropriés. D’un autre côté j’ai appris de mon expérience personnelle que poncer à la main pour obtenir un point de taille correct, bien rond (en fait c’est un cylindre) est un boulot important, que je n’ai jamais pu totalement réussir. Bien sûr un point ovalisé indique seulement un tuyau qui n’est pas original, pas obligatoirement une fausse Dunhill. Mais ce peut être un élément de preuve important, plus particulièrement lorsque par ailleurs la pipe semble être peu fumée et en parfaite condition ("pristine ").

Avant de se tourner vers la nomenclature, on doit également considérer l’aspect d’ensemble de la pipe. La plupart des faux des années 80 est arrivé en Amérique comme des pipes non fumées, en parfaite condition. Mais pas toutes, et de toute façon à présent la plupart ont été au moins un petit peu fumées. Aussi une pipe fumée, et même bien fumée, qui montre une certaine usure n’est pas une garantie d’authenticité. Bien plus sur un certain nombre des faux que j’ai vu les marquages n’étaient pas fortement appuyés et donc la nomenclature de ces pipes a tendance à apparaître plus usée qu’elle ne l’est en réalité. D’un autre côté, si l’usure n’est pas une garantie, le manque d’usure est suspect. Les faux de 1980 sont tous supposés dater d’avant les collections de pipe de bruyère. C’est-à-dire une époque où les pipes étaient achetées pour être fumées tous les jours, polies chaque semaine chez le marchand de pipes et trop souvent cognées partout entretemps. Tous les fumeurs de pipes de ces temps anciens n’étaient certainement pas aussi barbares, mais à tout le moins des pipes dans un état exceptionnel qui prétendent dater de cette époque, doivent raisonnablement soulever des doutes.

D’ordinaire la nomenclature Dunhill était (et reste) marquée " en bloc " de lettres plutôt qu’avec des mots ou des lettres séparés. Par exemple pour les pipes de finition lisse de la première moitié du 20ème siècle, un outil marquait en une seule frappe le MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet (patent) et le code de date. Cette griffe devait être changée chaque année pour donner le nouveau code de date. De la même façon pour les Shell un seul outil en une seule frappe marquait DUNHILL SHELL, MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet et le code date. Cet outil de la même façon était changé chaque année pour intégrer le nouveau code de date.

Il y a eu aussi bien sûr des circonstances particulières, et les outils adaptés, par exemple quand l’espace de marquage sur la pipe était limité. De la même façon durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le changement annuel de griffes était difficile à obtenir, de nombreuses pipes au moins durant quelques années de guerre furent marquées avec une griffe à laquelle manquait le code de date. Mais l’utilisation de ce type de marquage sur des pipes correspondant à un groupe 6 ou plus doit toujours faire naître des soupçons car des pipes de cette taille ont toujours amplement la place de porter un marquage et comme évoqué plus haut des pipes de cette taille sont douteuses dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale.

En ce qui concerne les faux des années 80 que j’ai examinés, il semble que les pipiers aient eu un accès très limité aux griffes de marquage Dunhill et ont dû faire leurs marquages à la main sans qu’il y ait eu là de vice particulier. Ceci conduit certains marquages à faire naître automatiquement des soupçons.

La petite Root LB magnum et l’OD bruyere chimney longue de7 " évoquées plus haut semblent avoir été marquées par la même personne. Plus précisément les deux sont marquées " MADE IN ENGLAND " [au-dessus] " PATENT No 417574 " avec la ligne inférieure s’étendant sous la ligne supérieure et suivie par un code date souligné de la même taille de caractères, dans un cas 16 et dans l’autre 17. Ce marquage est trompeur à au moins (je peux le préciser) quatre titres. D’abord, dans les années 30 le code date était d’une police de caractères plus petite que les lettres ou les chiffres qui précédaient ; ensuite les code date étaient toujours au bout de la ligne la plus courte (qui dans ce cas aurait dû être la ligne supérieure plutôt que l’inférieure) de manière à égaliser les deux lignes ; en troisième lieu, sur les deux pipes le code date est manifestement marqué à la main et n’appartient pas à une griffe de marquage unique, et enfin en 1936 et 1937 PATENT était abrégé en PAT par rapport au 417574 pour qu’ainsi la ligne inférieure du marquage qui reprenait le numéro de brevet 417574 soit toujours plus courte que la ligne du dessus. Etant donné que j’ai rencontré ce marquage fallacieux sur deux pipes, on peut deviner qu’il y en a eu d’autres.


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Deux autres pipes en finition lisse que j’ai vues, prétendument d’avant 1952, l’une supposément une Root "LC" et l’autre prétendument une Bruyere "LP" (sic, quoi que ça puisse être, la pipe ressemble à une LC) se distinguent par ce qui n’est pas là, à savoir que le bloc complet MADE IN ENGLAND, numéro de brevet et code date manque. Il est invraisemblable que Dunhill ait pu laisser sortir des pipes telles que celles-là sans ce marquage. L’absence des marquages attendus doit toujours faire naître des soupçons, particulièrement quand comme pour ces deux pipes il y a objectivement assez de surface pour le faire.

Un marquage communément trouvé sur les fausses Shell de 1980 (autres que les ODA) est le marquage de la Seconde Guerre Mondiale évoqué plus haut auquel il manque un code date. DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au-dessus] PATENT No1341418/20. En soi même par tous ses aspects il s’agit d’un marquage Dunhill correct pour la période de guerre et comme il n’était plus utilisé depuis longtemps au début des années 80 il fut probablement plus facilement " embarqué " de l’usine. Cependant et de manière uniforme, à un degré ou l’autre sur tous les faux que j’ai vu qui portaient ce marquage celui-ci n’était pas marqué à l’horizontale comme c’aurait été le cas s’il avait été marqué à l’usine Dunhill, mais plutôt de travers, parfois légèrement, parfois de façon plus prononcée, avec le D de Dunhill au point le plus haut.


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Les ODA Shell falsifiées que j’ai vues semblent en gros être correctement marquées. Il y en a quelques-unes avec des signes suspects. Bien évidemment ODA [au-dessus] de 834 en une police de caractère particulière recouvrant un ODA [au-dessus] de 824 dans une police différente. A noter également deux SHELL 844 fausses avec la partie la plus basse du D de ENGLAND coupée à un angle. Mais je soupçonne que dans tous les faux de 1980 il y a eu quelques fausses ODA datant d’après la période des "patent" et des formes qu’on pensait plus rares en 1980 mais qu’on n’a jamais décelé simplement parce qu’elles étaient faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages appropriés. Déjà à proprement parler il n’y a pas vraiment à s’inquiéter, comme elles sont faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages adéquats, entre tous les faux des années 80 elles ne sont fausses qu’au sens où elle n'ont jamais appartenu à la production officielle de Dunhill. En valeur, parce que ces formes ne sont plus désormais considérées comme particulièrement rares et parce que les faux de 1980 ont une valeur de collection en tant que tels, la différence est probablement minime si elle existe de quelque point de vue qu’on se place.

En dernier lieu en matière de nomenclature, bien que je n'ai jamais vu le marquage qui suit utilisé sur aucun des faux des années 1980 jusqu’ici, il y a un qui semble être une griffe de marquage Dunhill de 1937 qui dit : DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au dessus] PAT. No 41757417. Il est passé entre les mains d’un analphabète qui a utilisé ce marquage sur au moins trois différents fausses Groupe 4 à la finition lisse. Ces trois faux appartiennent à la même catégorie sans intérêt que le faux à 20 euros de la boutique de brocante irlandaise dont j’ai parlé plus haut, toutefois il existe une possibilité que cette griffe ait été au départ dérobée dans l’usine Dunhill au début des années 80 et peut être utilisée sur quelques-uns des faux des années 80.


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Revenons maintenant à notre Dunhill rare à deux mille dollars : après avoir maintenant examiné soigneusement la pipe, sa nomenclature et en cours de route demandé au vendeur d’où elle venait et s’il lui connaissait des défauts, il est temps de faire un retour en arrière, de peser les différentes données accumulées et de se poser la question du départ : tout bien considéré, est-ce que ça va avec cette pipe ? Le plus souvent vous répondrez par l’affirmative, d’autant que j’ai écrit au début que des faux des années 80, ’il n’y en avait pas tant que cela.

Mais que faire s’il s’avère que c’est un faux? Et que faire si, après avoir expliqué vos conclusions au vendeur il tombe d’accord avec vous et vous propose la pipe en tant que faux des années 80 à un prix raisonnable ? Et que faire si vous concluez l’affaire et que vous vous retrouvez avec le faux entre les mains ? Qu’allez-vous en faire ? Et ici je me trouve à la croisée des chemins avec quelques bons amis et des collectionneurs respectés. Car je crois qu’avec cette pipe entre les mains, votre première obligation envers vos camarades collectionneurs est de mettre un X en travers du D de Dunhill (chauffez une lame de tournevis avec un briquet pour faire un marquage en croix sur le D et le tour est joué). Ceci avertira les collectionneurs pour les temps à venir que cette pipe n’est pas une vraie Dunhill.

De manière générale, beaucoup n’ont pas fait ce choix et ont préféré fumer et apprécier ce faux parfait et quand ils en avaient assez, l’échangeaient avec un autre collectionneur de confiance sans rien lui cacher. Le problème tel que je le vois, c’est que parfois les collectionneurs de confiance ne sont pas si dignes de confiance. Que parfois quand les temps deviennent durs et que ce sont nos familles qui sont en jeu, ni vous ni moi ne sommes si dignes de confiance. Et parfois quand nous quittons ce monde sans préavis nos familles n’ont aucune idée du fait que l’une de nos pipes favorites est un faux. Et c’est ainsi qu’avec les meilleures intentions du monde nous pouvons voir d’en haut (ou d’en bas) que nous avons contribué à perpétuer une fraude vieille d’un quart de siècle. Aussi je suggère respectueusement que de même que nous devons à nos voisins de ne pas héberger un tigre qui pourrait se libérer en dépit de tous nos efforts, de même nous devons à nos camarades collectionneurs de marquer les faux des années 80 qui subsistent, qu’au moins ils ne ‘s’échappent pas’ pour qu’ensuite nous puissions les apprécier pour les pipes parfaites qu’elles sont et l’histoire intéressante qu’elles représentent.