The Ashton Pipe Story/fr: Difference between revisions

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Retournant à la maison avec un chargement de pipes Castello (mais pas acheté à la boutique) j'étais désormais détaillant Castello. Quelle serait la prochaine étape?   
Retournant à la maison avec un chargement de pipes Castello (mais pas acheté à la boutique) j'étais désormais détaillant Castello. Quelle serait la prochaine étape?   


Le Congrès Mondial des Principaux Détaillants de Pipes Dunhill de 1980  – c'était là que j'avais le plus de chances de rencontrer beaucoup plus de gens importants du commerce de la pipe, y compris un certain William John Taylor (qui devait devenir plus tard William John Ashton-Taylor). Bien que je me souvienne de Bill au congrès, je ne pense pas lui avoir parlé, et ce fut pareil au Congrés Mondial des Principaux Détaillants de Pipes Dunhill de 1982 auquel j'assistai également. Je réussis enfin à rencontrer Bill au début 1983 quand je tombai par accident sur une démonstration de fabrication de pipe qu'il donnait dans un des magasins du West End. J'importais et je distribuais des pipes depuis 1980 (Radice, Becker) et je suppose que je gardais toujours un œil à moitié ouvert pour du neuf. En regardant Bill travailler ce jour du début de l'hiver, je me disais –cet homme a un réel talent. Je peux proposer son ouvrage dans n'importe laquelle des meilleures boutiques de notre pays et il se vendra. Quand nous pûmes avoir l'occasion de nous asseoir ensemble et de discuter, je compris qu'il avait une petite affaire de réparation de pipes anciennes pour Astley et quelques autres boutiques de Londres, réparations qu'il effectuait  dans sa remise. Je posai alors la question – cela l'intéresserait-il de fabriquer ses propres pipes pour le marché US? Après quelques hésitations, Bill accepta de faire un essai.
Le Congrès Mondial des Principaux Détaillants de Pipes Dunhill de 1980  – c'était là que j'avais le plus de chances de rencontrer beaucoup plus de gens importants du commerce de la pipe, y compris un certain William John Taylor (qui devait devenir plus tard William John Ashton-Taylor). Bien que je me souvienne de Bill au congrès, je ne pense pas lui avoir parlé, et ce fut pareil au Congrès Mondial des Principaux Détaillants de Pipes Dunhill de 1982 auquel j'assistai également. Je réussis enfin à rencontrer Bill au début 1983 quand je tombai par accident sur une démonstration de fabrication de pipe qu'il donnait dans un des magasins du West End. J'importais et je distribuais des pipes depuis 1980 (Radice, Becker) et je suppose que je gardais toujours un œil à moitié ouvert pour du neuf. En regardant Bill travailler ce jour du début de l'hiver, je me disais –cet homme a un réel talent. Je peux proposer son ouvrage dans n'importe laquelle des meilleures boutiques de notre pays et il se vendra. Quand nous pûmes avoir l'occasion de nous asseoir ensemble et de discuter, je compris qu'il avait une petite affaire de réparation de pipes anciennes pour Astley et quelques autres boutiques de Londres, réparations qu'il effectuait  dans sa remise. Je posai alors la question – cela l'intéresserait-il de fabriquer ses propres pipes pour le marché US? Après quelques hésitations, Bill accepta de faire un essai.


Nos premières longues conversations se firent par téléphone, essayant de déterminer ce que chacun attendait de l'autre et ce que chacun pouvait faire pour l'autre. D'abord et principalement – quel genre de pipes devait caractériser cette nouvelle marque? Je connaissais et j'adorais les pipes Dunhill ; Bill était formé à la fabrication des Dunhill. Ca allait donc de soi, mais aucun de nous ne voulait faire de Dunhill bas-de-gamme. Elles devaient être différentes.. Nous voulions tous deux garder les formes et faire une majorité de sablées, mais nous voulions quelque chose de plus. Nous voulions tous deux un  véritable traitement à l'huile et davantage de travail à la main- le chemin suivi des années 30 aux années 50. Et nous voulions des pipes qui aient l'air "fait-main". Notre but n'était pas la perfection ,mais la personnalité.
Nos premières longues conversations se firent par téléphone, essayant de déterminer ce que chacun attendait de l'autre et ce que chacun pouvait faire pour l'autre. D'abord et principalement – quel genre de pipes devait caractériser cette nouvelle marque? Je connaissais et j'adorais les pipes Dunhill ; Bill était formé à la fabrication des Dunhill. Ca allait donc de soi, mais aucun de nous ne voulait faire de Dunhill bas-de-gamme. Elles devaient être différentes.. Nous voulions tous deux garder les formes et faire une majorité de sablées, mais nous voulions quelque chose de plus. Nous voulions tous deux un  véritable traitement à l'huile et davantage de travail à la main- le chemin suivi des années 30 aux années 50. Et nous voulions des pipes qui aient l'air "fait-main". Notre but n'était pas la perfection ,mais la personnalité.


Comment appeler cette nouvelle marque? Bill et moi étions au téléphone par une froide journée de février 83, à tourner en rond en essayant différents noms qui conviendraient quand, pour une raison quelconque, nous décidâmes tous deux de nous axer sur la lettre A. Alors A…Ashley? Non, trop proche d'Astley's la boutique. Asprey? On ne pouvait pas l'utiliser non plus, car c'était un joailler. Et alors, tous les deux, en même temps : Ashton! Et il en fut ainsi; le nom Ashton était né.   
Comment appeler cette nouvelle marque? Bill et moi étions au téléphone par une froide journée de février 83, à tourner en rond en essayant différents noms qui conviendraient quand, pour une raison quelconque, nous décidâmes tous deux de nous axer sur la lettre A. Alors A…Ashley? Non, trop proche d'Astley's la boutique. Asprey? On ne pouvait pas l'utiliser non plus, car c'était un joaillier. Et alors, tous les deux, en même temps : Ashton! Et il en fut ainsi; le nom Ashton était né.   


Nous avions le nom. Maintenant il nous fallait les pipes. Bill pensa au logo – un rond de bruyère dans un cercle d'argent- brillant. Il me confia qu'il avait connu un moment délicat en mettant au point le traitement à l'huile (oil curing process) dans sa remise car l'espace était très réduit, mais à la fin il avait réussi et la production (limitée, très limitée) pouvait commencer.
Nous avions le nom. Maintenant il nous fallait les pipes. Bill pensa au logo – un rond de bruyère dans un cercle d'argent- brillant. Il me confia qu'il avait connu un moment délicat en mettant au point le traitement à l'huile (oil curing process) dans sa remise car l'espace était très réduit, mais à la fin il avait réussi et la production (limitée, très limitée) pouvait commencer.
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Nous nous rencontrâmes, et une amitié très profonde se noua. Nous découvrîmes que  non seulement nous pouvions travailler ensemble, échanger des idées, mais également que nous pouvions passer de bons moments ensemble. Non pas qu'il n'y eut jamais de moment où l'un d'entre nous n'aurait pas souhaité tordre le cou de l'autre.   
Nous nous rencontrâmes, et une amitié très profonde se noua. Nous découvrîmes que  non seulement nous pouvions travailler ensemble, échanger des idées, mais également que nous pouvions passer de bons moments ensemble. Non pas qu'il n'y eut jamais de moment où l'un d'entre nous n'aurait pas souhaité tordre le cou de l'autre.   


Je me souviens quand je reçus la première pipe Ashton, une canadienne sablée avec une nomenclature rudimentaire (il n'y avait pas le marquage PebbleGrain sur la pipe par exemple). Je dois vous avouer à tous que …JE PANIQUAIS ! Ce n'était pas ce que je voulais. Au lieu du sablage noir laissant apparaître de beaux reliefs rougeâtres cette pipe était d'un noir de jais. Et lorsque je frottai le fourneau avec de l'alcool pour ôter un peu de teinture, il devint noir-bleuté. A ce moment mes rêves s'écroulèrent. Je pensais : Il ne peut pas y arriver. Il ne peut pas fabriquer la pipe que j'imagine.   
Je me souviens quand je reçus la première pipe Ashton, une canadienne sablée avec une nomenclature rudimentaire (il n'y avait pas le marquage Pebble Grain sur la pipe par exemple). Je dois vous avouer à tous que …JE PANIQUAIS ! Ce n'était pas ce que je voulais. Au lieu du sablage noir laissant apparaître de beaux reliefs rougeâtres cette pipe était d'un noir de jais. Et lorsque je frottai le fourneau avec de l'alcool pour ôter un peu de teinture, il devint noir-bleuté. A ce moment mes rêves s'écroulèrent. Je pensais : Il ne peut pas y arriver. Il ne peut pas fabriquer la pipe que j'imagine.   


Mais il le pouvait, et il le fit. Je renvoyais la pipe et ce fut bientôt rectifié. Lorsque je reçus la pipe pour la seconde fois, les reliefs rougeâtres irradiaient de la tête- mais comment fumerait-elle?  Le fait que la Compagnie des pipes Ashton, née en 1983, soit actuellement dans sa dix-huitième année suffit à répondre à cette question.
Mais il le pouvait, et il le fit. Je renvoyais la pipe et ce fut bientôt rectifié. Lorsque je reçus la pipe pour la seconde fois, les reliefs rougeâtres irradiaient de la tête- mais comment fumerait-elle?  Le fait que la Compagnie des pipes Ashton, née en 1983, soit actuellement dans sa dix-huitième année suffit à répondre à cette question.
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La première année Bill fabriqua seulement 31 pipes Ashton. Il fallait changer quelque chose si nous voulions avoir un impact sur le marché de la pipe des Etats-Unis. J’allais à Londres en janvier 1984 pour que Bill et moi puissions discuter de son avenir dans l’affaire. Devait-il voler de ses propres ailes, où conserver la sécurité de son emploi actuel ? Une décision vraiment difficile, car il y avait Irène, l’épouse de Bill, et deux jeunes enfants à prendre en compte, sans parler d’un crédit immobilier récent. Je tiens à vous faire comprendre que c’est quelque chose de très effrayant de penser qu’une autre personne vous fait tellement confiance qu’il est prêt à quitter son boulot sur votre simple engagement de vendre sa production. Mais c’est ce qui est arrivé. Bill s'est remis entre mes mains. Et nous sommes toujours là tous les deux. HOURRAH!
La première année Bill fabriqua seulement 31 pipes Ashton. Il fallait changer quelque chose si nous voulions avoir un impact sur le marché de la pipe des Etats-Unis. J’allais à Londres en janvier 1984 pour que Bill et moi puissions discuter de son avenir dans l’affaire. Devait-il voler de ses propres ailes, où conserver la sécurité de son emploi actuel ? Une décision vraiment difficile, car il y avait Irène, l’épouse de Bill, et deux jeunes enfants à prendre en compte, sans parler d’un crédit immobilier récent. Je tiens à vous faire comprendre que c’est quelque chose de très effrayant de penser qu’une autre personne vous fait tellement confiance qu’il est prêt à quitter son boulot sur votre simple engagement de vendre sa production. Mais c’est ce qui est arrivé. Bill s'est remis entre mes mains. Et nous sommes toujours là tous les deux. HOURRAH!


Après avoir remis son préavis et s’être mis à son compte, Bill avait besoin de plus de capitaux. Entre autres, il avait besoin d’une sacré bonne sableuse, à moins de faire faire le travail ailleurs. Nous avions tous deux considéré qu’un sablage à la main devait être une caractéristique essentielle de la marque, et il fallait que ce soit comme celà. Au printemps 1984, après que Bill eût fait quelques recherches préliminaires, je suis venu et nous avons commençé par aller voir un spécialiste en machines à sabler. Bill avait apporté quelques têtes de pipe et les montra à notre représentant désigné pour voir comment utiliser la machine. « Pas de problème, Patron ! ». Et le gars nous condusisit à une petite machine de rien du tout. « Je ne pense pas que ça fera l’affaire » dit Bill. Et effectivement, ça ne le fit pas. Bill utilisa la machine pendant dix minutes sans résultat visible sur les têtes de pipe, et puis nous allâmes de machine en machine, augmentant de taille et de capacité jusqu’à ce qu’on arrive à la deuxième plus grosse de la rangée. Les mains, enfouies dans de gros gants de caoutchouc, glissèrent par des orifices à l’intérieur d’ une sorte de cabine géante, la tête de pipe tenue directement sous la projection de sable, le pied appuya sur la pédale du compresseur …et la tige fut complètement éclatée en une fraction de secondes. « Là, voilà une bonne sableuse » dit Bill. Marché conclu.
Après avoir remis son préavis et s’être mis à son compte, Bill avait besoin de plus de capitaux. Entre autres, il avait besoin d’une sacré bonne sableuse, à moins de faire faire le travail ailleurs. Nous avions tous deux considéré qu’un sablage à la main devait être une caractéristique essentielle de la marque, et il fallait que ce soit comme cela. Au printemps 1984, après que Bill eût fait quelques recherches préliminaires, je suis venu et nous avons commencé par aller voir un spécialiste en machines à sabler. Bill avait apporté quelques têtes de pipe et les montra à notre représentant désigné pour voir comment utiliser la machine. « Pas de problème, Patron ! ». Et le gars nous conduisit à une petite machine de rien du tout. « Je ne pense pas que ça fera l’affaire » dit Bill. Et effectivement, ça ne le fit pas. Bill utilisa la machine pendant dix minutes sans résultat visible sur les têtes de pipe, et puis nous allâmes de machine en machine, augmentant de taille et de capacité jusqu'à ce qu’on arrive à la deuxième plus grosse de la rangée. Les mains, enfouies dans de gros gants de caoutchouc, glissèrent par des orifices à l’intérieur d’ une sorte de cabine géante, la tête de pipe tenue directement sous la projection de sable, le pied appuya sur la pédale du compresseur …et la tige fut complètement éclatée en une fraction de secondes. « Là, voilà une bonne sableuse » dit Bill. Marché conclu.


Après avoir obtenu la sableuse qui convenait, nous allâmes en Italie acheter du bois. Comme Bill était familier de quelques scieries du coin, il s’occupa de tout et  nous arrivâmes à une scierie qui était à peu de distance de Pise, un mardi tôt dans la matinée. Les trois jours suivants furent passés à se remplir les yeux de bruyère, environnés par des montagnes de cette matière. Je ne saurais pas décrire l’air ambiant en dedans et au dehors des bâtiments qui étaient situés dans une région isolée de Toscane, hormis le fait qu’il y régnait une odeur forte, presque piquante, qui était  due à la bruyère dans toutes ses étapes de préparation. . Après trois jours de tri et de classification, nous rentrâmes avec sept sacs de bois à livrer. J’appris plus tard que quatorze sacs étaient arrivés en réalité, et que les sept sacs en plus contenaient du bois de bonne qualité mais que chaque bloc était plus petit en hauteur mais plus grand en largeur. Au final, plutôt que de les retourner, Bill et Franck furent capables d’en tirer de magnifiques cross-grain en tournant chaque bloc sur le côté avant de le travailler.
Après avoir obtenu la sableuse qui convenait, nous allâmes en Italie acheter du bois. Comme Bill était familier de quelques scieries du coin, il s’occupa de tout et  nous arrivâmes à une scierie qui était à peu de distance de Pise, un mardi tôt dans la matinée. Les trois jours suivants furent passés à se remplir les yeux de bruyère, environnés par des montagnes de cette matière. Je ne saurais pas décrire l’air ambiant en dedans et au dehors des bâtiments qui étaient situés dans une région isolée de Toscane, hormis le fait qu’il y régnait une odeur forte, presque piquante, qui était  due à la bruyère dans toutes ses étapes de préparation. . Après trois jours de tri et de classification, nous rentrâmes avec sept sacs de bois à livrer. J’appris plus tard que quatorze sacs étaient arrivés en réalité, et que les sept sacs en plus contenaient du bois de bonne qualité mais que chaque bloc était plus petit en hauteur mais plus grand en largeur. Au final, plutôt que de les retourner, Bill et Franck furent capables d’en tirer de magnifiques cross-grain en tournant chaque bloc sur le côté avant de le travailler.
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Quand nous eûmes appris à nous connaître j’en sus davantage sur ce que Bill avait appris chez Dunhill Pipes Ltd. Engagé comme tourneur à l’âge de quinze ans, il se limita pratiquement à balayer le plancher pendant un certain temps. Tous les artisans de cette époque savaient faire une pipe du début à la fin, et chacun d’entre eux gardait jalousement ses secrets. Peu à peu, Bill fut instruit de tous les procédés généraux, et comme il montrait un réel intérêt pour la fabrication des pipes, certains de la vieille garde partagèrent réellement leurs secrets de fabrication avec lui. Pour devenir pipier chez Dunhill à l’époque, l’apprenti devait démontrer son habileté en réalisant une pipe utilisable, de qualité Dunhill, du début à la fin. Lorsque Bill soumis sa pipe achevée au jugement des maîtres, ceux-ci s’esclaffèrent devant son travail, jusqu’à ce qu’ils examinent soigneusement la pipe et constatent qu’elle était à la fois sans défaut et fonctionnelle. Mais la pipe qu’il avait réalisée faisait seulement un pouce (2,5 cm) de long.
Quand nous eûmes appris à nous connaître j’en sus davantage sur ce que Bill avait appris chez Dunhill Pipes Ltd. Engagé comme tourneur à l’âge de quinze ans, il se limita pratiquement à balayer le plancher pendant un certain temps. Tous les artisans de cette époque savaient faire une pipe du début à la fin, et chacun d’entre eux gardait jalousement ses secrets. Peu à peu, Bill fut instruit de tous les procédés généraux, et comme il montrait un réel intérêt pour la fabrication des pipes, certains de la vieille garde partagèrent réellement leurs secrets de fabrication avec lui. Pour devenir pipier chez Dunhill à l’époque, l’apprenti devait démontrer son habileté en réalisant une pipe utilisable, de qualité Dunhill, du début à la fin. Lorsque Bill soumis sa pipe achevée au jugement des maîtres, ceux-ci s’esclaffèrent devant son travail, jusqu’à ce qu’ils examinent soigneusement la pipe et constatent qu’elle était à la fois sans défaut et fonctionnelle. Mais la pipe qu’il avait réalisée faisait seulement un pouce (2,5 cm) de long.


Dès le tout début Bill a essayé de répondre aux besoins du collectionneur américain. – pas en sortant une  série après l’autre des pipes en édition limitée mais en fabriquant les plus grandes pipes de bruyère qui sortiraient d’Angleterre. Les premières de ces pipes portèrent des marquages de taille ELX et sortirent en 1984, mais elles furent bientôt éclipsées par les séries Magnum très limitées qui apparurent en 1985. De 1985 jusqu’à aujourd’hui (Ndt 2001) pas plus de soixante-quinze Magnum n’ont été réalisées, l’apogée de ces séries étant 1986 quand vingt d’entre elles furent produites. Les productions les plus faibles eurent lieu dans les années 90 avec la raréfaction des vraiment grosses pièces (je n’oserais pas les appeler blocs) de bruyère. Une MAGNUM dans n’importe quelle finition lisse reste encore à  venir.
Dès le tout début Bill a essayé de répondre aux besoins du collectionneur américain. – pas en sortant une  série après l’autre des pipes en édition limitée mais en fabriquant les plus grandes pipes de bruyère qui sortiraient d’Angleterre. Les premières de ces pipes portèrent des marquages de taille ELX et sortirent en 1984, mais elles furent bientôt éclipsées par les séries Magnum très limitées qui apparurent en 1985. De 1985 jusqu'aujourd’hui (Ndt 2001) pas plus de soixante-quinze Magnum n’ont été réalisées, l’apogée de ces séries étant 1986 quand vingt d’entre elles furent produites. Les productions les plus faibles eurent lieu dans les années 90 avec la raréfaction des vraiment grosses pièces (je n’oserais pas les appeler blocs) de bruyère. Une MAGNUM dans n’importe quelle finition lisse reste encore à  venir.


1984 vit l'émergence d'Ashton en tant que nouvel arrivant sur le marché de la pipe haut de gamme. Très rapidement la marque gagna la réputation de fabriquer généralement de bonnes fumeuses et particulièrement les finitions Pebble Grain au sablage profond. Bill croyait si fort dans sa marque et dans ce qu'il était capable d'accomplir qu'il se décida à ajouter Ashton à son patronyme, et donc cette année là il devint  William John Ashton-Taylor. Au même moment mon ami Robby Levin décida de sortir une nouvelle marque de cigares mais il n'avait aucune idée du nom à lui donner. Je le persuadai, à partir de l'excellente réputation des pipes Ashton aux U.S.A., de nommer sa marque de cigares Ashton. Et il le fit.
1984 vit l'émergence d'Ashton en tant que nouvel arrivant sur le marché de la pipe haut de gamme. Très rapidement la marque gagna la réputation de fabriquer généralement de bonnes fumeuses et particulièrement les finitions Pebble Grain au sablage profond. Bill croyait si fort dans sa marque et dans ce qu'il était capable d'accomplir qu'il se décida à ajouter Ashton à son patronyme, et donc cette année là il devint  William John Ashton-Taylor. Au même moment mon ami Robby Levin décida de sortir une nouvelle marque de cigares mais il n'avait aucune idée du nom à lui donner. Je le persuadai, à partir de l'excellente réputation des pipes Ashton aux U.S.A., de nommer sa marque de cigares Ashton. Et il le fit.


Lorsque je vis l'accueil enthousiaste réservé  aux pipes Ashton  par les fumeurs de pipe des USA en 1984 je décidai que la toute nouvelle Compagnie des pipes Ashton avait besoin de conserver ses débuts en mémoire. Pas sous forme d'une archive papier, mais d'une archive pipesque. Je possédais déjà deux des pipes parmi les trente et une fabriquées en 1983 et donc en 1984 je commençai à mettre de côté des exemples des réalisations  de Bill pour chaque année. Cette collection devait fournir des indices de la progression continue et des changements dans le process de fabrication des pipes qui sinon seraient passés inaperçus. Cette collection d'Ashton comprend à peu près deux cent pipes, et continue à s'accroître doucement, année après année.
Lorsque je vis l'accueil enthousiaste réservé  aux pipes Ashton  par les fumeurs de pipe des USA en 1984 je décidai que la toute nouvelle Compagnie des pipes Ashton avait besoin de conserver ses débuts en mémoire. Non pas sous forme d'une archive papier, mais d'une archive pipesque. Je possédais déjà deux des pipes parmi les trente et une fabriquées en 1983 et donc en 1984 je commençai à mettre de côté des exemples des réalisations  de Bill pour chaque année. Cette collection devait fournir des indices de la progression continue et des changements dans le process de fabrication des pipes qui sinon seraient passés inaperçus. Cette collection d'Ashton comprend à peu près deux cent pipes, et continue à s'accroître doucement, année après année.


Bill et moi avons beaucoup voyagé ensemble – pour rendre visite à d'autres pipiers, choisir de la bruyère, et en vacances avec nos familles. Lors d'un de nos premiers voyages, en 1985, nous avons rendu visite à Radice, et j'ai demandé à Gigi de montrer à Bill ce qu'est réellement une finition raffinée, un mélange de rustication et de sablage. Nous achetâmes également des machines à cappuccino avant de retourner en Angleterre. Et pourquoi dites-vous que vous avez acheté des machines à cappuccino me demanderez-vous? Parce que Bill les apporta à l'atelier quand elles devinrent un élément essentiel de son processus de fabrication des PebbleShell. Après avoir vu ce que faisait Radice, Bill alla plus loin; il passa d'abord à la vapeur l'extérieur des têtes traitées à l'huile (en utilisant le jet de vapeur de la machine à cappuccino) faisant apparaître le bois tendre, et le faisant sauter ensuite. C'est seulement après cette étape que les têtes seraient sablées – le résultat donnant cet aspect noueux que nous aimons dans ce pays. Bill déposa et reçut un brevet Britannique pour le procédé PebbleShell, et chacune des PebbleShell vendues aujourd'hui porte ce numéro de brevet.
Bill et moi avons beaucoup voyagé ensemble – pour rendre visite à d'autres pipiers, choisir de la bruyère, et en vacances avec nos familles. Lors d'un de nos premiers voyages, en 1985, nous avons rendu visite à Radice, et j'ai demandé à Gigi de montrer à Bill ce qu'est réellement une finition raffinée, un mélange de rustication et de sablage. Nous achetâmes également des machines à cappuccino avant de retourner en Angleterre. Et pourquoi dites-vous que vous avez acheté des machines à cappuccino me demanderez-vous? Parce que Bill les apporta à l'atelier quand elles devinrent un élément essentiel de son processus de fabrication des Pebble Shell. Après avoir vu ce que faisait Radice, Bill alla plus loin; il passa d'abord à la vapeur l'extérieur des têtes traitées à l'huile (en utilisant le jet de vapeur de la machine à cappuccino) faisant apparaître le bois tendre, et le faisant sauter ensuite. C'est seulement après cette étape que les têtes seraient sablées – le résultat donnant cet aspect noueux que nous aimons dans ce pays. Bill déposa et reçut un brevet Britannique pour le procédé Pebble Shell, et chacune des Pebble Shell vendues aujourd'hui porte ce numéro de brevet.


Comme  innovateur sur la scène de la fabrication de la pipe anglaise, Bill n'avait pas son pareil. Si je lui faisais une suggestion, il la reprenait à son compte et la menait à bien, et il allait plus loin que ce que j'avais imaginé au début. Un bon exemple c'est celui des séries Ashton quaint. Je me souvenais bien des quaints de Barling et je lui suggérais qu'Ashton devrait essayer quelque chose du genre. En un rien de temps Bill créa une série magistrale de formes quaint, que je n'avais jamais vu avant, celles-là même qui allaient devenir l'épine dorsale de la gamme aujourd'hui. Mais cette innovation est aussi une épée à deux tranchants. Quand Bill travaille sur la nouveauté, il peut parfois oublier l'ancien. Bill n'étant pas la personne la plus organisée que j'ai rencontrée, Bill écrivait ses procédés sur des feuilles volantes -et ensuite il les perdait. La finition Brindle, très appréciée, fut absente durant une période de cinq ans du fait de la perte du bout de papier sur lequel était indiqué la formule de la teinture des Brindle. Et le fait qu'on l'ait retrouvée par la suite fut seulement un pur coup de chance.
Comme  innovateur sur la scène de la fabrication de la pipe anglaise, Bill n'avait pas son pareil. Si je lui faisais une suggestion, il la reprenait à son compte et la menait à bien, et il allait plus loin que ce que j'avais imaginé au début. Un bon exemple c'est celui des séries Ashton Quaint. Je me souvenais bien des Quaints de Barling et je lui suggérais qu'Ashton devrait essayer quelque chose du genre. En un rien de temps Bill créa une série magistrale de formes Quaint, que je n'avais jamais vu avant, celles-là même qui allaient devenir l'épine dorsale de la gamme aujourd'hui. Mais cette innovation est aussi une épée à deux tranchants. Quand Bill travaille sur la nouveauté, il peut parfois oublier l'ancien. Bill n'étant pas la personne la plus organisée que j'ai rencontrée, Bill écrivait ses procédés sur des feuilles volantes -et ensuite il les perdait. La finition Brindle, très appréciée, fut absente durant une période de cinq ans du fait de la perte du bout de papier sur lequel était indiqué la formule de la teinture des Brindle. Et le fait qu'on l'ait retrouvée par la suite fut seulement un pur coup de chance.


Le tuyau en Ashtonite s'est avéré une autre innovation – celle-ci prenant place  au début des années 90 quand Bill découvrit un matériau qui était quelque chose comme le croisement de l'ébonite traditionnelle, utilisée par les pipiers anglais depuis le tout début, et l'acrylique apprécié par les artisans italiens. Ce matériau qui ne ternit pas mais qui est un peu plus doux sous la dent que l'acrylique semble combiner le meilleur des deux mondes. Et à dire vrai, je ne connus pas un mot de ce changement imminent avant que les premières pipes au tuyau d'Ashtonite n'arrivent à la porte de mon entrepôt.
Le tuyau en Ashtonite s'est avéré une autre innovation – celle-ci prenant place  au début des années 90 quand Bill découvrit un matériau qui était quelque chose comme le croisement de l'ébonite traditionnelle, utilisée par les pipiers anglais depuis le tout début, et l'acrylique apprécié par les artisans italiens. Ce matériau qui ne ternit pas mais qui est un peu plus doux sous la dent que l'acrylique semble combiner le meilleur des deux mondes. Et à dire vrai, je ne connus pas un mot de ce changement imminent avant que les premières pipes au tuyau d'Ashtonite n'arrivent à la porte de mon entrepôt.


Depuis sa création la Compagnie des Pipes Ashton n'a jamais eu plus de deux collaborateurs à temps plein, plus une série de travailleurs à temps partiel. Les pipiers chevronnés sont en voie d'extinction dans l'Angleterre d'aujourd'hui et personne ici ne semble avoir d'intérêt pour l'apprentissage. Il n'y a rien d'étonnant à celà, car le marché de la pipe se réduit d'année en année- l'ironie étant qu'on trouve davantage de bonnes pipes faites main aujourd'hui que n'importe quand auparavant.
Depuis sa création la Compagnie des Pipes Ashton n'a jamais eu plus de deux collaborateurs à temps plein, plus une série de travailleurs à temps partiel. Les pipiers chevronnés sont en voie d'extinction dans l'Angleterre d'aujourd'hui et personne ici ne semble avoir d'intérêt pour l'apprentissage. Il n'y a rien d'étonnant à cela, car le marché de la pipe se réduit d'année en année- l'ironie étant qu'on trouve davantage de bonnes pipes faites main aujourd'hui que n'importe quand auparavant.


Pour commencer, Bill est polyvalent. Il est familiarisé avec chaque étape de la fabrication d'une pipe et les réalise toutes. Le premier tourneur fut Frank Lincoln, lui aussi un ancien de Dunhill et un homme formidable. Frank avait pour spécialité de tourner à la main sur un tour, ce qu'il fit pour Ashton jusqu'à ce que ses problèmes de santé ne le rattrapent. Il mourut en 1991. Le Tourneur actuel est un certain Sid Cooper, 78 ans bien sonnés (il en paraît cinquante quatre). Sid fit ses débuts dans l'entreprise originale  Hardcastle Pipe Co (pas Parker-Hardcastle) en 1938, et c'est un génie quand il s'agit de régler les machines pour faire des formes spécifiques  Il connaît aussi davantage d'histoires sur le commerce de la pipe anglaise que quiconque que j'ai rencontré.   
Pour commencer, Bill est polyvalent. Il est familiarisé avec chaque étape de la fabrication d'une pipe et les réalise toutes. Le premier tourneur fut Frank Lincoln, lui aussi un ancien de Dunhill et un homme formidable. Frank avait pour spécialité de tourner à la main sur un tour, ce qu'il fit pour Ashton jusqu'à ce que ses problèmes de santé ne le rattrapent. Il mourut en 1991. Le Tourneur actuel est un certain Sid Cooper, 78 ans bien sonnés (il en paraît cinquante quatre). Sid fit ses débuts dans l'entreprise originale  Hardcastle Pipe Co (pas Parker-Hardcastle) en 1938, et c'est un génie quand il s'agit de régler les machines pour faire des formes spécifiques  Il connaît aussi davantage d'histoires sur le commerce de la pipe anglaise que quiconque que j'ai rencontré.   
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