A Tail of Two Briars/fr: Difference between revisions

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“Oui, ça leur ajoute du caractère. Et à mes yeux, ce sont de belles pipes. “On peut en faire des comme ça mais...” et il commença à m'expliquer que comme Dunhill vendait dans le Monde entier, l'entreprise tendait à être tiraillée dans toutes les directions en même temps. Sur le Continent et en Extrême-Orient, il n'existe aucune demande pour les pipes au sablage profond; bien plus, elles seront souvent retournées à l'usine comme “n'étant pas au standard de qualité Dunhill”.
“Oui, ça leur ajoute du caractère. Et à mes yeux, ce sont de belles pipes. “On peut en faire des comme ça mais...” et il commença à m'expliquer que comme Dunhill vendait dans le Monde entier, l'entreprise tendait à être tiraillée dans toutes les directions en même temps. Sur le Continent et en Extrême-Orient, il n'existe aucune demande pour les pipes au sablage profond; bien plus, elles seront souvent retournées à l'usine comme “n'étant pas au standard de qualité Dunhill”.


An associate of David Webb, Bill Taylor, told me of the time he was working in quality control at the factory. Richard Dunhill came by and picked up one of the "shells" Bill rejected.
Un associé de David Webb, Bill Taylor, me raconta qu'un jour il travaillait au contrôle de qualité à l'usine. Richard Dunhill passait et saisit une des “shell” que Bill avait mis au rebut.


"Why is this in the reject bin?"
"Why is this in the reject bin?"

Revision as of 23:28, 11 July 2019

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Cet article a été le premier article de R.D. Fields pour Pipe Smoker publié dans le numéro de 1983, et il est reproduit avec son autorisation.

LA PIPE DUNHILL : COMPARAISON ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI par R.D.Fields

Nous avons le Plaisir de vous présenter R.D.”David” Field en tant que nouveau rédacteur adjoint. David a été recommandé par Ben Rapaport qui nous a envoyé l’article suivant que Mr Field a écrit l’an dernier. David est employé par la ville de Philadelphie comme travailleur social. On le considère comme un expert en pipes Dunhill et il s’y connait également en matière de Castello et autres marques. A quarante et un ans, David est fumeur de pipes depuis de nombreuses années et s’est beaucoup occupé du commerce des estates de collection. Il a déjà fait paraître des articles auparavant ("Amici della Pipa" and "Smoking") et est le bienvenu dans l’équipe de PIPE SMOKER.

En tant que collectionneur de pipes, passionné de pipes, et principal revendeur de Dunhill, j’entends tant et plus de commentaires sur les mérites comparés des anciennes pipes par rapport aux plus récentes. La plupart des discussions sont centrées sur la qualité de la bruyère et la douceur de la fumée. J’ai entendu des commentaires du genre : « j’adore mes vieilles Dunhill, mais ces nouvelles…je ne sais pas. »

Des gens que je considère comme des connaisseurs en matière de bruyère du 20ème siècle jurent que, de très loin, ce sont ces Dunhill qui portent un numéro de brevet (pre-1955) qui produisent la fumée la plus douce. Ils ne fumeront même pas celles faites après 1968, considérant qu’elles sont d’un standard de qualité inférieur.

Le commerce des estates a suivi la même tendance, les Dunhill à numéro de brevet s'imposent à un prix plus élevé que celles faites entre 1955 et 1968, et un prix encore plus grand que celles fabriquées après 1968

Du fait de la mystique entourant les vieilles Dunhill, il y a vraiment besoin d’examiner les faits derrière le “mythe”. Ceci, lecteur, est l’objet de cet article. Lis A Tail of TwoBriars,de R.D. Fields

Faisons un brin d'histoire à propos de la pipe Dunhill, de ses débuts jusqu’à la production actuelle. Alfred Dunhill était un gars plutôt inventif, qui d’une entreprise de sellerie qui posait problème à l’âge de l’automobile fit une fabrique d’accessoires automobiles, puis travailla comme « expert en brevets ». Lorsqu’il ouvrit une boutique de tabacs en 1907, il ne connaissait rien de plus que le commun des pipes, du tabac, et de l’art des mélanges. Son esprit curieux l’incita à écouter les demandes des clients, et ensuite à tester différentes méthodes pour satisfaire leurs demandes. Dès 1910, Dunhill était prêt à proposer ses propres pipes à côté de celles venant de France qui étaient abondamment vernies et de ce fait bouchaient les pores de la bruyère. Ces premières pipes répondaient à deux conceptions distinctes : l’une suivait le concept français qui est le standard d’aujourd’hui, sans filtre ; l’autre, la pipe « absorbal », utilisait un filtre circulaire de cellulose que l’on glissait dans la tige évidée à cet effet. Il est intéressant de noter ici que ces premières pipes Dunhill comme d'ailleurs toutes les pipes Dunhill fabriquées jusqu’en 1919 avaient des têtes françaises pré-tournées et étaient ensuite finies à Londres par l’entreprise Dunhill.

En 1912, Dunhill inventa et breveta le “inner tube » un insert d’aluminium conçu pour garder propre les « entrailles » de la pipe ; en 1915, « le white spot » apparut pour aider le client à savoir quel côté du tuyau d’ébonite taillé à la main devait être au-dessus ; 1917 vit l’introduction de la première Dunhill sablée, la « Shell »

Pour produite la Shell, Dunhill utilisa seulement de la bruyère algérienne, alors très abondante, du fait qu’elle était plus tendre que la bruyère italienne qu’on utilisait pour la finition lisse “Bruyere”. Ce caractère tendre, combiné avec la chaleur que produisait le procédé Dunhill spécifique d'affinement à l’huile (oil curing) produisait un sablage inhabituel, profond et raviné. Au cours des premières années de production, Dunhill ne marquait même pas les numéros de forme de ses « shell », du fait des variations importantes de forme résultant du traitement et du sablage sur des têtes pourtant tournées à l’identiques.

La Dunhill “RootBriar” fut introduite en 1930 (à cette époque, Alfred était depuis deux ans à la retraite et c’est son frère Herbert qui avait repris l’affaire), et la finition marron clair obtint un grand succès en Amérique, beaucoup moins en Europe. Plus tard, quelque vingt trois ans après, vint la « Tanshell » une bruyère sarde sablée d’une couleur marron clair. Il fallut vingt six années de plus avant qu’une autre finition – la Cumberland- fit son apparition. La Cumberland est également sablée, a une finition marron foncé, le dessus du fourneau lisse et biseauté, et un tuyau d’ébonite bicolore (ce même tuyau était apparu tout d’abord en 1930 sur la root briar).

Ainsi que je l’ai dit auparavant, aucune pipe Dunhill n’était complètement fabriquée en Angleterre jusqu’en 1920 où l’on ouvrit un atelier de tournage de têtes dans l’usine de Londres. Auparavant, les têtes tournées mais inachevées étaient importées de France, puis finies, traitées à l’huile et, dans le cas des Shell, sablées à Londres.

Il faut se pencher sur la situation de la bruyère pour comparer les nouvelles Dunhill avec les anciennes, il y a eu des changements. A l’origine, on utilisait la bruyère italienne pour les finitions « bruyere » et « root », l’algérienne pour les shell, et la bruyère de Sardaigne pour les « tanshell ». L’âge de la bruyère utilisée variait entre 60 et 100 ans. Dans les années 60, la situation changea radicalement. La fourniture de bruyère algérienne se réduit à un filet, et le gouvernement italien déclara que la bruyère italienne était réservée aux pipiers travaillant à l’intérieur des frontières. Jusqu’alors, Dunhill disposait d’un monopole virtuel sur l’approvisionnement en bruyère. A présent il fallait chercher de nouvelles sources d’approvisionnement, et on ne pouvait plus réserver un type de bruyère à une finition. Ce changement était aisément identifiable sur la finition « shell ». Privé de bruyère algérienne, Dunhill a dû utiliser de la bruyère grecque, une variété plus dure, et la finition shell reçut dorénavant un sablage moins profond. Aussi bien, le bois était moins vieux, entre 50 et 80 ans. En plus, les broussins étaient plus petit avec plus de défauts, aussi on produisait moins de têtes parfaites et – plus de déchets ! En revanche, la nouvelle bruyère était plus dure, plus légère, et avait un bien meilleur grain que l’ancienne. Dunhill n'a jamais été connu pour avoir des pipes à finition lisse d'un beau grain, mais celles produites de nos jours sont remarquables en comparaison de celles d'il y a vingt ans.

Dans la fabrication d'une pipe de qualité, on doit porter une grande attention à la réalisation et l'ajustement du tuyau, ou embouchure. On n'utilise pas ici de méthode de moulage par injection ; chaque tuyau est taillé à la main dans une feuille ou une barre d'ébonite; le tenon est taillé à la main et façonné au bon diamètre; et le tuyau est ensuite ajusté à la pipe. A l'origine, les tuyaux Dunhill avaient une lentille assez épaisse que personnellement je trouve peu confortable. L'embouchure “comfy" (confortable), avec une lentille plus fine et plus large, fut développée dans les années 20 et le “F/T” (fishtail ou queue de poisson) fut conçu dans les années 30. En 1976, devant la hausse du coût de la main-d'oeuvre, l'entreprise utilisa une machine pour façonner les tuyaux. Ces embouchures faites à la machine avaient une lentille très épaisse (tout comme les lentilles pré “comfy”). Les réclamations se mirent à pleuvoir et on laissa tomber la machine. A l'heure actuelle les embouchures ont une lentille assez fine, quelque part entre le “comfy” et le F/T”.

J'ai visité trois fois l'usine Dunhill au cours des deux dernières années et à chaque visite, j'ai eu la possibilité non seulement de voir chaque aspect de la production des pipes, mais également de converser avec les responsables de la production. Au cours de ma visite de décembre 1980, j'ai eu une longue conversation avec David Webb, le directeur de l'usine. Mr Webb est chez Dunhill depuis cinq ans, est directeur de l'usine depuis la fin de 1979 et est très compétent. J'avais apporté ma propre collection de treize Dunhill non fumées datant de 1920 à 1927, neuf bruyere, quatre shell et trois vieilles shell de 1920 que je fume. Quand Mr Webb les a vu, il a ri “ : si ces bruyères étaient fabriquées aujourd'hui, la moitié seraient mises au rebut”.

Stupéfait, j'ai demandé : “Pourquoi?”

“Pour la billiard, le sablage est creusé très profond par endroits, ce qui a ôté près de la moitié de l'épaisseur des parois; et la tige est décentrée. Le tuyau de la billiard la plus petite est beaucoup trop épais à la jonction avec la tige et aurait dû être retaillé. La Prince est complètement déformée sur un côté du fourneau.”

Je protestais, expliquant que c'était ces raisons même qui leur donnaient une grande personnalité.

“Oui, ça leur ajoute du caractère. Et à mes yeux, ce sont de belles pipes. “On peut en faire des comme ça mais...” et il commença à m'expliquer que comme Dunhill vendait dans le Monde entier, l'entreprise tendait à être tiraillée dans toutes les directions en même temps. Sur le Continent et en Extrême-Orient, il n'existe aucune demande pour les pipes au sablage profond; bien plus, elles seront souvent retournées à l'usine comme “n'étant pas au standard de qualité Dunhill”.

Un associé de David Webb, Bill Taylor, me raconta qu'un jour il travaillait au contrôle de qualité à l'usine. Richard Dunhill passait et saisit une des “shell” que Bill avait mis au rebut.

"Why is this in the reject bin?"

"Because the sandblast is too deep and uneven."

"This pipe has character. Send it to America. Americans know good pipes!"

The Dunhill pipe has always been synonymous with the word quality in pipe making. Much of this value judgment, I feel, has to do with the firm's unique "oil curing" process invented by Alfred Dunhill. This process, in my estimation, does three things - it makes the tobacco taste unusually "nutty"; it has a very low rate of bowl "burn-out" compared with other makes; and, it helps the pipe to smoke well even after many years. This process is still very closely guarded by the firm and is not normally shown to visitors. I was shown the process because I brought a copy of the original patent with me and specifically raised the issue.

In order to discern quality in a pipe, one has to look at only a few things (of course much of the real judgment is in the smoking): the turned and bored bowl; the shank bore; the tenon/ferrule connection; the lip of the mouthpiece; the look and feel of the finish. Dunhill, I submit, has as high a standard of quality as it has ever had. This does not mean that every Dunhill released for sale, today, is a perfect pipe, for some are not! What it does mean is that the percentage of imperfect Dunhills is no greater today than, say, 1924. I have discovered two imperfect pipes in my 1920-1927 collection.

According to David Webb, the Dunhill pipe did have a problem in the mid-1970's, not so much with quality as with the outward signs of quality. Those in charge of policy at the time decided that the "shell" must be totally black and shiny - a blue-black stain was used, eliminating any reddish highlights. At the same time, the "bruyere" finish was lightened from its original plum color. These two changes have dampened the pipe's reputation and may be the cause for some criticism I have heard; but, even with these pipes, the underlying quality is still there. Since that time, of course, there has been a return to the original "bruyere" finish, and the new "deep shell" has reached our shores in limited quantity.

In comparing the Dunhill pipe of yesterday with that of today, what stands out is the continual evolvement of the pipe:

Le tuyau d’origine est passée de “confort” à “FT” puis a été fait en machine, jusqu'au standard actuel, gagnant et perdant en épaisseur de lentille à chaque changement.

La bruyère a changé, l'âge et l'habitude de réserver un type de bruyère pour une finition ont permis de gagner en dureté, en légèreté et en motif de grain.

Le sablage “shell” a changé, perdant un sablage très profond et gagnant en uniformité; ensuite, il a regagné en profondeur, même si le sablage est plus uniforme.

Avec ces changements, le niveau d'excellence de Dunhill n'a pas diminué, du moins pour mon oeil exercé. Aujourd'hui une Dunhill n'est pas plus mauvaise qu'hier ; elle n'est pas meilleure qu'hier; elle est ...différente!

NOTE DE L'EDITEUR : après avoir discuté de cet article avec David Field, nous avons appris qu'il y avait une suite qui traiterait en détail de l'identification des pipes Dunhill. Ceci inclura une analyse de la nomenclature qui aidera les collectionneurs avertis à connaître les Dunhill. Cet article doit paraître dans une prochaine édition de PIPE SMOKER. Voir A Dunhill Pipe Dating Guide