The Ashton Pipe Story/fr: Difference between revisions

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Quand nous eûmes appris à nous connaître j’en sus davantage sur ce que Bill avait appris chez Dunhill Pipes Ltd. Engagé comme tourneur à l’âge de quinze ans, il se limita pratiquement à balayer le plancher pendant un certain temps. Tous les artisans de cette époque savaient faire une pipe du début à la fin, et chacun d’entre eux gardait jalousement ses secrets. Peu à peu, Bill fut instruit de tous les procédés généraux, et comme il montrait un réel intérêt pour la fabrication des pipes, certains de la vieille garde partagèrent réellement leurs secrets de fabrication avec lui. Pour devenir pipier chez Dunhill à l’époque, l’apprenti devait démontrer son habileté en réalisant une pipe utilisable, de qualité Dunhill, du début à la fin. Lorsque Bill soumis sa pipe achevée au jugement des maîtres, ceux-ci s’esclaffèrent devant son travail, jusqu’à ce qu’ils examinent soigneusement la pipe et constatent qu’elle était à la fois sans défaut et fonctionnelle. Mais la pipe qu’il avait réalisée faisait seulement un pouce (2,5 cm) de long.
Quand nous eûmes appris à nous connaître j’en sus davantage sur ce que Bill avait appris chez Dunhill Pipes Ltd. Engagé comme tourneur à l’âge de quinze ans, il se limita pratiquement à balayer le plancher pendant un certain temps. Tous les artisans de cette époque savaient faire une pipe du début à la fin, et chacun d’entre eux gardait jalousement ses secrets. Peu à peu, Bill fut instruit de tous les procédés généraux, et comme il montrait un réel intérêt pour la fabrication des pipes, certains de la vieille garde partagèrent réellement leurs secrets de fabrication avec lui. Pour devenir pipier chez Dunhill à l’époque, l’apprenti devait démontrer son habileté en réalisant une pipe utilisable, de qualité Dunhill, du début à la fin. Lorsque Bill soumis sa pipe achevée au jugement des maîtres, ceux-ci s’esclaffèrent devant son travail, jusqu’à ce qu’ils examinent soigneusement la pipe et constatent qu’elle était à la fois sans défaut et fonctionnelle. Mais la pipe qu’il avait réalisée faisait seulement un pouce (2,5 cm) de long.


Dès le tout début Bill a essayé de répondre aux besoins du collectionneur américain. – pas en sortant une  série après l’autre des pipes en édition limitée mais en fabriquant les plus grandes pipes de bruyère qui sortiraient d’Angleterre. Les premières de ces pipes portèrent des marquages de taille ELX et sortirent en 1984, mais elles furent bientôt éclipsées par les séries Magnum très limitées qui apparurent en 1985. De 1985 jusqu’à aujourd’hui (Ndt 2001) pas plus de soixante-quinze Magnum n’ont été réalisées, l’apogée de ces séries étant 1986 quand vingt d’entre elles furent produites. Les productions les plus faibles eurent lieu dans les années 90 avec la raréfaction des vraiment grosses pièces (je n’oserais pas les appeler blocs) de bruyère. Une MAGNUM dans n’importe quelle finition lisse reste encore à  venir.
Dès le tout début Bill a essayé de répondre aux besoins du collectionneur américain. – pas en sortant une  série après l’autre des pipes en édition limitée mais en fabriquant les plus grandes pipes de bruyère qui sortiraient d’Angleterre. Les premières de ces pipes portèrent des marquages de taille ELX et sortirent en 1984, mais elles furent bientôt éclipsées par les séries Magnum très limitées qui apparurent en 1985. De 1985 jusqu'aujourd’hui (Ndt 2001) pas plus de soixante-quinze Magnum n’ont été réalisées, l’apogée de ces séries étant 1986 quand vingt d’entre elles furent produites. Les productions les plus faibles eurent lieu dans les années 90 avec la raréfaction des vraiment grosses pièces (je n’oserais pas les appeler blocs) de bruyère. Une MAGNUM dans n’importe quelle finition lisse reste encore à  venir.


1984 vit l'émergence d'Ashton en tant que nouvel arrivant sur le marché de la pipe haut de gamme. Très rapidement la marque gagna la réputation de fabriquer généralement de bonnes fumeuses et particulièrement les finitions Pebble Grain au sablage profond. Bill croyait si fort dans sa marque et dans ce qu'il était capable d'accomplir qu'il se décida à ajouter Ashton à son patronyme, et donc cette année là il devint  William John Ashton-Taylor. Au même moment mon ami Robby Levin décida de sortir une nouvelle marque de cigares mais il n'avait aucune idée du nom à lui donner. Je le persuadai, à partir de l'excellente réputation des pipes Ashton aux U.S.A., de nommer sa marque de cigares Ashton. Et il le fit.
1984 vit l'émergence d'Ashton en tant que nouvel arrivant sur le marché de la pipe haut de gamme. Très rapidement la marque gagna la réputation de fabriquer généralement de bonnes fumeuses et particulièrement les finitions Pebble Grain au sablage profond. Bill croyait si fort dans sa marque et dans ce qu'il était capable d'accomplir qu'il se décida à ajouter Ashton à son patronyme, et donc cette année là il devint  William John Ashton-Taylor. Au même moment mon ami Robby Levin décida de sortir une nouvelle marque de cigares mais il n'avait aucune idée du nom à lui donner. Je le persuadai, à partir de l'excellente réputation des pipes Ashton aux U.S.A., de nommer sa marque de cigares Ashton. Et il le fit.


Lorsque je vis l'accueil enthousiaste réservé  aux pipes Ashton  par les fumeurs de pipe des USA en 1984 je décidai que la toute nouvelle Compagnie des pipes Ashton avait besoin de conserver ses débuts en mémoire. Pas sous forme d'une archive papier, mais d'une archive pipesque. Je possédais déjà deux des pipes parmi les trente et une fabriquées en 1983 et donc en 1984 je commençai à mettre de côté des exemples des réalisations  de Bill pour chaque année. Cette collection devait fournir des indices de la progression continue et des changements dans le process de fabrication des pipes qui sinon seraient passés inaperçus. Cette collection d'Ashton comprend à peu près deux cent pipes, et continue à s'accroître doucement, année après année.
Lorsque je vis l'accueil enthousiaste réservé  aux pipes Ashton  par les fumeurs de pipe des USA en 1984 je décidai que la toute nouvelle Compagnie des pipes Ashton avait besoin de conserver ses débuts en mémoire. Non pas sous forme d'une archive papier, mais d'une archive pipesque. Je possédais déjà deux des pipes parmi les trente et une fabriquées en 1983 et donc en 1984 je commençai à mettre de côté des exemples des réalisations  de Bill pour chaque année. Cette collection devait fournir des indices de la progression continue et des changements dans le process de fabrication des pipes qui sinon seraient passés inaperçus. Cette collection d'Ashton comprend à peu près deux cent pipes, et continue à s'accroître doucement, année après année.


Bill et moi avons beaucoup voyagé ensemble – pour rendre visite à d'autres pipiers, choisir de la bruyère, et en vacances avec nos familles. Lors d'un de nos premiers voyages, en 1985, nous avons rendu visite à Radice, et j'ai demandé à Gigi de montrer à Bill ce qu'est réellement une finition raffinée, un mélange de rustication et de sablage. Nous achetâmes également des machines à cappuccino avant de retourner en Angleterre. Et pourquoi dites-vous que vous avez acheté des machines à cappuccino me demanderez-vous? Parce que Bill les apporta à l'atelier quand elles devinrent un élément essentiel de son processus de fabrication des PebbleShell. Après avoir vu ce que faisait Radice, Bill alla plus loin; il passa d'abord à la vapeur l'extérieur des têtes traitées à l'huile (en utilisant le jet de vapeur de la machine à cappuccino) faisant apparaître le bois tendre, et le faisant sauter ensuite. C'est seulement après cette étape que les têtes seraient sablées – le résultat donnant cet aspect noueux que nous aimons dans ce pays. Bill déposa et reçut un brevet Britannique pour le procédé PebbleShell, et chacune des PebbleShell vendues aujourd'hui porte ce numéro de brevet.
Bill et moi avons beaucoup voyagé ensemble – pour rendre visite à d'autres pipiers, choisir de la bruyère, et en vacances avec nos familles. Lors d'un de nos premiers voyages, en 1985, nous avons rendu visite à Radice, et j'ai demandé à Gigi de montrer à Bill ce qu'est réellement une finition raffinée, un mélange de rustication et de sablage. Nous achetâmes également des machines à cappuccino avant de retourner en Angleterre. Et pourquoi dites-vous que vous avez acheté des machines à cappuccino me demanderez-vous? Parce que Bill les apporta à l'atelier quand elles devinrent un élément essentiel de son processus de fabrication des Pebble Shell. Après avoir vu ce que faisait Radice, Bill alla plus loin; il passa d'abord à la vapeur l'extérieur des têtes traitées à l'huile (en utilisant le jet de vapeur de la machine à cappuccino) faisant apparaître le bois tendre, et le faisant sauter ensuite. C'est seulement après cette étape que les têtes seraient sablées – le résultat donnant cet aspect noueux que nous aimons dans ce pays. Bill déposa et reçut un brevet Britannique pour le procédé Pebble Shell, et chacune des Pebble Shell vendues aujourd'hui porte ce numéro de brevet.


Comme  innovateur sur la scène de la fabrication de la pipe anglaise, Bill n'avait pas son pareil. Si je lui faisais une suggestion, il la reprenait à son compte et la menait à bien, et il allait plus loin que ce que j'avais imaginé au début. Un bon exemple c'est celui des séries Ashton quaint. Je me souvenais bien des quaints de Barling et je lui suggérais qu'Ashton devrait essayer quelque chose du genre. En un rien de temps Bill créa une série magistrale de formes quaint, que je n'avais jamais vu avant, celles-là même qui allaient devenir l'épine dorsale de la gamme aujourd'hui. Mais cette innovation est aussi une épée à deux tranchants. Quand Bill travaille sur la nouveauté, il peut parfois oublier l'ancien. Bill n'étant pas la personne la plus organisée que j'ai rencontrée, Bill écrivait ses procédés sur des feuilles volantes -et ensuite il les perdait. La finition Brindle, très appréciée, fut absente durant une période de cinq ans du fait de la perte du bout de papier sur lequel était indiqué la formule de la teinture des Brindle. Et le fait qu'on l'ait retrouvée par la suite fut seulement un pur coup de chance.
Comme  innovateur sur la scène de la fabrication de la pipe anglaise, Bill n'avait pas son pareil. Si je lui faisais une suggestion, il la reprenait à son compte et la menait à bien, et il allait plus loin que ce que j'avais imaginé au début. Un bon exemple c'est celui des séries Ashton Quaint. Je me souvenais bien des Quaints de Barling et je lui suggérais qu'Ashton devrait essayer quelque chose du genre. En un rien de temps Bill créa une série magistrale de formes Quaint, que je n'avais jamais vu avant, celles-là même qui allaient devenir l'épine dorsale de la gamme aujourd'hui. Mais cette innovation est aussi une épée à deux tranchants. Quand Bill travaille sur la nouveauté, il peut parfois oublier l'ancien. Bill n'étant pas la personne la plus organisée que j'ai rencontrée, Bill écrivait ses procédés sur des feuilles volantes -et ensuite il les perdait. La finition Brindle, très appréciée, fut absente durant une période de cinq ans du fait de la perte du bout de papier sur lequel était indiqué la formule de la teinture des Brindle. Et le fait qu'on l'ait retrouvée par la suite fut seulement un pur coup de chance.


Le tuyau en Ashtonite s'est avéré une autre innovation – celle-ci prenant place  au début des années 90 quand Bill découvrit un matériau qui était quelque chose comme le croisement de l'ébonite traditionnelle, utilisée par les pipiers anglais depuis le tout début, et l'acrylique apprécié par les artisans italiens. Ce matériau qui ne ternit pas mais qui est un peu plus doux sous la dent que l'acrylique semble combiner le meilleur des deux mondes. Et à dire vrai, je ne connus pas un mot de ce changement imminent avant que les premières pipes au tuyau d'Ashtonite n'arrivent à la porte de mon entrepôt.
Le tuyau en Ashtonite s'est avéré une autre innovation – celle-ci prenant place  au début des années 90 quand Bill découvrit un matériau qui était quelque chose comme le croisement de l'ébonite traditionnelle, utilisée par les pipiers anglais depuis le tout début, et l'acrylique apprécié par les artisans italiens. Ce matériau qui ne ternit pas mais qui est un peu plus doux sous la dent que l'acrylique semble combiner le meilleur des deux mondes. Et à dire vrai, je ne connus pas un mot de ce changement imminent avant que les premières pipes au tuyau d'Ashtonite n'arrivent à la porte de mon entrepôt.


Depuis sa création la Compagnie des Pipes Ashton n'a jamais eu plus de deux collaborateurs à temps plein, plus une série de travailleurs à temps partiel. Les pipiers chevronnés sont en voie d'extinction dans l'Angleterre d'aujourd'hui et personne ici ne semble avoir d'intérêt pour l'apprentissage. Il n'y a rien d'étonnant à celà, car le marché de la pipe se réduit d'année en année- l'ironie étant qu'on trouve davantage de bonnes pipes faites main aujourd'hui que n'importe quand auparavant.
Depuis sa création la Compagnie des Pipes Ashton n'a jamais eu plus de deux collaborateurs à temps plein, plus une série de travailleurs à temps partiel. Les pipiers chevronnés sont en voie d'extinction dans l'Angleterre d'aujourd'hui et personne ici ne semble avoir d'intérêt pour l'apprentissage. Il n'y a rien d'étonnant à cela, car le marché de la pipe se réduit d'année en année- l'ironie étant qu'on trouve davantage de bonnes pipes faites main aujourd'hui que n'importe quand auparavant.


Pour commencer, Bill est polyvalent. Il est familiarisé avec chaque étape de la fabrication d'une pipe et les réalise toutes. Le premier tourneur fut Frank Lincoln, lui aussi un ancien de Dunhill et un homme formidable. Frank avait pour spécialité de tourner à la main sur un tour, ce qu'il fit pour Ashton jusqu'à ce que ses problèmes de santé ne le rattrapent. Il mourut en 1991. Le Tourneur actuel est un certain Sid Cooper, 78 ans bien sonnés (il en paraît cinquante quatre). Sid fit ses débuts dans l'entreprise originale  Hardcastle Pipe Co (pas Parker-Hardcastle) en 1938, et c'est un génie quand il s'agit de régler les machines pour faire des formes spécifiques  Il connaît aussi davantage d'histoires sur le commerce de la pipe anglaise que quiconque que j'ai rencontré.   
Pour commencer, Bill est polyvalent. Il est familiarisé avec chaque étape de la fabrication d'une pipe et les réalise toutes. Le premier tourneur fut Frank Lincoln, lui aussi un ancien de Dunhill et un homme formidable. Frank avait pour spécialité de tourner à la main sur un tour, ce qu'il fit pour Ashton jusqu'à ce que ses problèmes de santé ne le rattrapent. Il mourut en 1991. Le Tourneur actuel est un certain Sid Cooper, 78 ans bien sonnés (il en paraît cinquante quatre). Sid fit ses débuts dans l'entreprise originale  Hardcastle Pipe Co (pas Parker-Hardcastle) en 1938, et c'est un génie quand il s'agit de régler les machines pour faire des formes spécifiques  Il connaît aussi davantage d'histoires sur le commerce de la pipe anglaise que quiconque que j'ai rencontré.   
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