Théorie sur la Dunhill de la Seconde Guerre Mondiale

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Written by John C. Loring
Contributed and translated by Jean-Christophe Bienfait

je viens juste d’écrire comment, dans de rare cas, un simple code date numérique sur une pipe peut prêter à confusion, et c’est lorsqu’il est destiné à signaler une réparation sur une pipe fabriquée avant l’introduction du système de codage de dates en 1922. Bien que je ne sois pas sûr d’en avoir vu un exemple concret, c’est probablement la même situation en ce qui concerne les réparations d’après-guerre de certaines pipes taillées durant la Seconde Guerre Mondiale.

En Amérique on a depuis longtemps oublié à quel point l’impact de la Seconde Guerre Mondiale a été important en Grande-Bretagne et assurément pour Dunhill. En fait, pour ainsi dire, on mit en attente une décennie entière de production de pipes, à tel point que quand on aborde l’histoire globale de la fabrication des pipes Dunhill, on passe de la fin des années 30 au début des années 50, sans pratiquement aborder la décennie en cause. C’est très différent de la Grande Guerre (la Première Guerre Mondiale pour les plus jeunes) lorsque la Grande-Bretagne contrôlait les voies maritimes. Ainsi selon toute apparence dans cette Première Guerre Mondiale le tabac à pipe fut toujours disponible, la production de pipe, qui fut peut-être limitée dans une certaine mesure, ne serait-ce que parce que une grande partie des têtes étaient dégrossies en France, semble avoir continué à se développer, et l’après-guerre vit rapidement Dunhill s’épanouir dans le monde entier.

La Seconde Guerre Mondiale amena un contraste frappant, les voies maritimes étaient plus contestées, la bruyère nécessaire à Dunhill poussait derrière les lignes de front, de plus le magasin de Duke Street lui-même fut bombardé durant le Blitz de 1941, et le rationnement de la période de Guerre fut plus draconien et se poursuivit après la guerre jusqu’au début des années 50. A savoir : Dunhill a publié ses catalogues de pipes chaque année durant la Première Guerre Mondiale, toujours plus élégant l’un après l’autre, mais aucun de 1940 à 1950. (il y eut un « catalogue-cadeaux » publié de façon indépendante en Amérique vers 1943, et deux « catalogues –cadeaux » publiés en Grande-Bretagne à la fin de 1940).

Les Dunhill produites durant les années 40 sont peu nombreuses et pour la plupart sans intérêt. Il semble que durant la Seconde Guerre Mondiale et pendant un bon moment après, la bruyère italienne nécessaire aux Dunhill à finition lisse était fournie en très petite quantité alors que la situation de la bruyère algérienne nécessaire aux finitions Shell était à peine meilleure. De même l’ébonite nécessaire pour les tuyaux était soit rationnée, soit interdite, aussi beaucoup, si ce n’est la plupart, voire peut-être toute la production du temps de guerre fut munie de tuyaux en corne. (la corne est un matériau très confortable pour les tuyaux mais commence à se fendiller presque immédiatement, et à ma connaissance, il ne fut plus jamais utilisé ni proposé par Dunhill autrement que durant la Seconde Guerre Mondiale. Je soupçonne qu'il est plus que probable qu' une pipe du temps de guerre qu’on rencontre aujourd’hui avec un tuyau d’ébonite porte un tuyau de remplacement et je ne serais pas surpris d’apprendre qu’après-guerre Dunhill a systématiquement remplacé les tuyaux de corne par de l’ébonite pour une somme minime, si ce n’est à titre gratuit).

Tout ce long préliminaire pour expliquer que la Seconde Guerre Mondiale a également limité la capacité de Dunhill à réaliser de nouveaux outils de marquage de la nomenclature. La nomenclature de Dunhill était (et reste) marquée grâce à des blocs de mots, chiffres et symboles plutôt qu’avec des lettres spécifiques, et avant-guerre de nouveaux outils de marquage étaient commandés à la fin de chaque année pour prendre en compte le changement de code de date à venir. Bien que cette pratique ait continué dans une certaine mesure durant la guerre, une grande partie des Shell fabriquées entre 1941 et 1943/1945 a été marquée sans code de date avec un outil qui indiquait :

DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND
PATENT No 1341418/20

Comme l’usage de cet outil spécifique de marquage fut limité à la période de guerre, le marquage par lui-même sert à situer une pipe dans les quelques années de guerre (ce qui peut également s’avérer exact en ce qui concerne les finitions lisses marquées MADE IN ENGLAND [/] PAT No 1343253/20 sans qu’il y ait non plus les marquages du code date ou de l’Inner Tube).


Donc si vous rencontrez une Shell portant l’exact marquage ci-dessus et un code de date, il est hautement probable qu’il s’agisse d’une pipe fabriquée pendant la guerre et portant un code de date indiquant l’année de la réparation (peut-être le remplacement du tuyau) et non l’année de fabrication.

Post-Scriptum à mon article sur les LC Dans un papier précédent j’ai écrit un pavé à propos des LC aussi j’ajoute le postscriptum ici. Il semble que les pipes marquées LC et 128 n’ont jamais été équipées d’un Inner Tube, alors que les pipes marquées 120, y compris ce que j’appelle les "120 LC" l’ont toujours été. La longueur en elle-même ne peut pas intervenir car Richard Esserman signale qu’un certain nombre de ses magnums droites (y compris son énorme Bulldog ODG) en sont équipés, mais pas ses magnums courbes. Ceci me conduit à penser qu’il y avait une différence entre la manière dont le perçage des LC, 128 et bent magnum était fait et celui des 120, 56 et petites courbes et que cette différence empêchait d’équiper les plus grandes pipes courbes avec des " Inner Tubes".