Le Tabac Dunhill en boîtes

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Le tabac Dunhill en boîtes, John C. Loring (9/1/97)
Mis à disposition et traduit par Jean-Christophe Bienfait

Merci de noter que dans une certaine mesure, cet article a été annulé et remplacé par mon article "Dater les boîtes de tabacs anglais (Dating English Tinned Tobacco").

Il fut un temps ou le tabac Dunhill en boîte n'était pas le plus fin tabac disponible, après tout, il y a eu des fumeurs de pipe plusieurs siècles avant Alfred Dunhill. Mais pour reprendre une expression, une fois qu'Arthur se fut mis à l'ouvrage, on ne trouva "pas mieux".

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Il semble, d'après une photographie qu'on date de 1909 qu'à l'origine les tabacs Dunhill étaient vendues dans des boîtes non étanches d'une demi-livre et d'une livre portant des étiquettes My Mixture de deux styles différents mais similaires, et du même type que celles qui seraient utilisées pour le demi siècle à venir.


La première Guerre Mondiale vit l'introduction de la boite ‘knife-lid’ / ‘cutter top’ (couvercle à couteau intégré), une boîte qui permettait le stockage à long terme et le transport,

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et avec ceci la venue au monde des blends Dunhill désormais classiques. Une boite ‘knife-lid’ or ‘cutter-top’ (couvercle à couteau coulissant) est une boîte étanche à deux couvercles. Le couvercle intérieur en métal fin protège le tabac dans la boîte. Le couvercle extérieur, détachable, est muni d'une petite lame coulissante qui permet d'ouvrir et de découper la partie intérieure scellée. L'élément coupant est activé en le faisant glisser à environ un huitième de pouce du bord du couvercle. Le couvercle extérieur est ensuite replacé sur le récipient et poussé vers le bas de façon à ce que l'élément de coupe perce le couvercle intérieur. Le couvercle extérieur est ensuite tourné tout autour de la boîte de façon que le couvercle intérieur soit complètement découpé. Une fois que c'est fait, le couvercle intérieur est enlevé et jeté et l'élément coupant est replié en sécurité. Le tabac est désormais prêt à être fumé avec le couvercle extérieur qui fera office de couvercle, mais non étanche.

Au moins jusqu'au début des années 20 Dunhill a vendu en général ses tabacs dans des boites "knife lids" de quatre onces à des prix allant de 1.00 $ (Three Year Matured Virginia) à 2.50 $ (Royal Yacht & Cuba) avec un prix moyen de 1.50 $.


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La plupart des blends populaires de nos jours étaient disponibles, ainsi qu'un certain nombre de mélanges qui ont disparu depuis de la circulation, y compris le Super, le Savory's, le Baby's Bottom, le Durbar, le Prince of Wales, l'Harmony et le Shell. Mais cette époque n'était pas exempte d'inflation car au milieu des années 20 le Three Year Matured atteignait les 1,25$. Par la suite, cependant, les prix des mélanges se stabilisèrent, n'augmentant que faiblement durant les cinquante années suivantes.


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On trouvait aussi les blends les plus populaires dans des boites ‘knife-lid’ (couvercle à couteau intégré) de huit onces (226 g) et de deux onces (56g). Et si les blends en Flake étaient normalement vendus en boîtes de deux onces, on en trouvait aussi dans de plus grands contenants. Bien que j'ai vu une boîte ronde de My Mixture de une livre sans couvercle à lame qui datait des années 20-30, je ne suis pas sûr que cette contenance ait été disponible avec un couvercle à lame. On trouvait en outre des sachets d'une once (28 g) scellés dans une feuille de plomb et pressurisés, et plus tard on vendit également des boîtes ‘coin-twist’ de cette contenance.


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Il semble que des années 20 aux années 50, l'aspect de la boîte de 4 onces (113 grammes) à couvercle à lame (knife lid tin) ait très peu changé. D'une manière générale, ainsi qu' illustrés plus haut et ci-dessous, il s'agissait de boîtes de quatre pouces de diamètre et de deux pouces de haut, (10 x 5 cm) bien que certains mélanges (par exemple Ye Olde Signe et Shell) aient utilisé un contenant de trois pouces sur deux pouces ¾ ( 7,6 x7 cm). Les fonds de boites, au moins dans les années 40 et 50, étaient marqués "MADE IN GREAT BRITAIN" (précédé à l'occasion par "CONTAINER") sans indication de poids.


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Pour les mélanges les plus répandus (y compris My Mixture 965), des étiquettes en papier, différentes pour chaque mélange, entouraient la boîte et recouvraient le couvercle extérieur. En outre, le couvercle extérieur était "scotché" au récipient à l'aide d'une bande de papier portant la signature d'Alfred Dunhill, en général accompagnée du fac-similé d'un sceau rouge.


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Les blends à distribution limitée My Mixture ne différaient à cet égard que par leur étiquetage uniforme, à l'exception d'un numéro de mélange écrit à la main sur l'étiquette latérale.


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Très tôt, Dunhill devint apparemment le favori d'Edward, prince de Galles. L'entreprise nomma l'un de ses mélanges en l'honneur du prince et, en 1921, le prince lui accorda un mandat royal (Royal Warrant). En 1927, sinon plus tôt, Dunhill intégra ce mandat à l'étiquette de certains mélanges, notamment London Mixture et le Old Colonial. Il est intéressant de noter que le Royal Warrant ne fut jamais ajouté à l'étiquette du Prince of Wales.

Ce mandat fut très certainement retiré lors de l'abdication, mais par la suite, un nouveau mandat fut accordé par le nouveau roi Georges VI et ce mandat fut ajouté aux étiquettes (By Appointment [Royal Crest] Tobacconist [/] To H.M. the King").

Mis à part le mandat royal relativement récent du roi, l'ajout d'une impression "War Time Packing M4A" et trois autres points notés ci-dessous, la boîte My Mixture #10 de la Seconde Guerre mondiale illustrée ci-dessous est probablement caractéristique des boites à couvercles à lame coulissante My Mixture de 4 onces (113 grammes) des années 20 à 50.


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Un catalogue Dunhill de 1927 montre des boîtes My Mixture qui diffèrent des boîtes de la Seconde Guerre Mondiale sur deux aspects supplémentaires. Plus précisément le numéro de mélange est à gauche plutôt qu'à droite du "My Mixture" sur l'étiquette latérale et la légende "Manufactured in England" se trouve directement sous le "My Mixture". Une autre boîte plus ancienne de My Mixture que j'ai également examinée présente une troisième différence. Le panneau latéral de l'étiquette d'adresse de cette boîte comporte les mentions suivantes après le "30 Duke Steeet", au lieu des références aux magasins de Paris et de New York (qui n'existaient peut-être pas à l'époque) : il y a écrit "Téléphone : GERRAD 5189" à gauche et "Télégrammes : "SALAAMS, LONDON" à droite, et enfin "copyright" est imprimé en bas à gauche.

Après la Guerre, Dunhill continua à utiliser le Mandat Royal "By Appointment [armes royales] To H.M. The King" sur ses boîtes y compris les nouveaux blends tels que Early Morning, NightCap, et Apéritif mais

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apparemment et pour la première fois le mandat fut placé sur le dessus plutôt que sur l'étiquette de côté.

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Lorsque le roi décéda en 1953 Dunhill continua d'afficher le mandat mais retira la référence directe au monarque décédé ("By Appointment [Armes royales] Tobacconists"). Quelques années plus tard, l'étiquette de la boîte fut encore revue pour afficher "By Appointment [Royal Crest] Tobacconists [/] To The Late King George VI". Cette forme se perpétua jusqu'au début des années 60.


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Cependant, tout ce qui précède ne s'applique pas nécessairement aux boîtes de deux onces avec couvercle "knife lid" (couvercle à lame). Par exemple, une boîte de deux onces de Flake # 305 qu'on peut dater avec certitude du début des années 50 n'affiche pas de mandat royal et porte une indication de poids sur le fond.


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Les années 60, ou peut-être la fin des années 50, virent la fabrication des boîtes dans un métal plus léger (voir la boîte de Shell ci-dessus) le diamètre standard de 4 pouces (10 cm) de la boîte de 4 onces (113g) à couvercle à lame coulissante (knife lid) fut ramené à un diamètre de 3 ¾ pouces (9,5 cm) et pour la première fois la contenance fut marquée sur le fond de la boîte de 4 onces (voir la boîte de Nightcap).

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En outre la fabrication du couvercle extérieur changea. Auparavant, il était fait d'un métal doré ou doré/argenté terne, sans bourrelet au bord inférieur au niveau de la lèvre inférieure (voir les deux couvercles du haut), ou à partir de la fin des années 50 avec un bourrelet (en bas à droite), toutefois le couvercle de la nouvelle boîte de 3 ¾ de pouces de diamètre était fait d'un métal doré brillant avec un bourrelet prononcé sur le bord inférieur (en bas à gauche).

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Il y eut des changements identiques sur la boite de 8 onces (226 g) plus grande.

Avec des prix qui s'envolaient entre 2.50$ et 3.50 $ pour une boîte de 4 onces (113 g) , le premier changement majeur de conditionnement des boîtes Dunhill depuis près d'un demi-siècle a eu lieu entre le milieu et la fin des années 60, avec le remplacement des boîtes de 4 onces avec un couvercle à couvercle à lame coulissante (knife lid) et des étiquettes en papier par des boîtes peintes de 4 pouces (10cm) de diamètre et de 2 pouces (5 cm) de hauteur avec le poids en onces estampé sur le fond. En outre le mandat sur l'étiquette fut échangé pour "[Royal Crest] By Appointment [/] To Her Majesty the Queen [/] Suppliers of Smokers’ Requisites". Les étiquettes des boites de My Mixture furent encore modifiées en supprimant le sceau rouge en facsimilé et en introduisant le "Dunhill" à longues hampes.



Il faut noter cependant que le passage des boites "Knife lid" aux boites "coin twist" se fit graduellement, par exemple le catalogue Dunhill de vente en gros de 1968/69 affichait quatre boites "Knife lid" de quatre onces et seulement trois boites de quatre onces "coin twist"



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Dans la décennie qui suivit l'industrie britannique du tabac commença à intégrer le Marché Commun, ainsi qu'en témoignent les changements dans les marquages de poids marqués au fond des boîtes et qui passèrent des onces à un marquage à la fois en grammes et onces. Dans le cadre du changement de marquages à la fin des années 70, Dunhill (et d'autres assembleurs) réduisit le grammage en tabac de ses boîtes de plus de 10 % (sans baisse de prix), passant d'une boîte de 4 onces à une boîte de 100 grammes soit 3,53 onces.

Jusqu'à la fin des années 70, les boîtes Dunhill indiquaient invariablement que le tabac qu'elles contenaient était "Blended By Alfred Dunhill" ou "Manufactured and Blended in England By Alfred Dunhill" ou d'autres termes similaires. Le "My" de "My Mixture" avait une double connotation de personnalisation. De façon regrettable cette tradition d'assemblage "fait main" prit fin à la fin des années 70 quand Dunhill confia ses assemblages à un ou deux blenders indépendants (dont beaucoup pensent qu'il s'agissait de Mc Connells et/ou Murrays). En conséquence, l'étiquette de la boîte fut modifiée pour indiquer simplement "Manufactured And Blended In England" (suggérant que McConnells était le blender) ou "Manufactured and Blended In The United Kingdom" (suggérant cette fois que c'était Murrays, d'Irlande du Nord), mais dans les deux cas, la mention "by Alfred Dunhill" fut abandonnée. Concernant les boîtes de My Mixture, la police de caractères "My Mixture", qui était restée pratiquement inchangée depuis 1909, fut remplacée par un "nouveau" look plus fantaisiste qui avait déjà été utilisé à l'occasion (voir au dessus la photo du sac extérieur d'un paquet de My Mixture 965 d'une once).



Au départ, ces changements étaient faits par une étiquette en papier qui indiquant le poids du tabac en onces ou en grammes et onces.

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Mais peu après, on sortit une boîte peinte l'indication du poids en grammes, suivie d'un "e" minuscule (apparemment une référence au Marché Commun) et portant systématiquement la mention "Blended In The United Kingdom" (on pense que l'utilisation systématique de "United Kingdom" n'exclut pas la poursuite de l'utilisation de McConnells en tant que blender indépendant au cours des années 80 et découle plutôt du souhait naturel de l'entreprise d'avoir un étiquetage uniforme). En outre, les marquages de poids furent éliminés du fond des boîtes et les boites "coin twist" de quatre onces furent aplaties d'un demi-pouce pour atteindre une hauteur d'un pouce et demi (3,8 cm) et élargies d'environ un pouce pour atteindre un diamètre de quatre pouces et sept huitièmes (12,38 cm).


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Bien que j'aie essayé d'être assez factuel concernant le passage aux blenders externes à la fin des années 70, en fait, pour les fumeurs de tabac Dunhill, c'était un événement comparable à l'assassinat de JFK, il y a peu de fumeur de pipe qui ne se souvienne de cet horrible moment où il fit sauter le couvercle de la nouvelle boîte et découvrit la tragique disparition de ce merveilleux arôme de tabac mûr.


Au début des années 90, reflet de son époque, le Mandat Royal fut effacé des boîtes et la mention "Manufactured and Blended In The United Kingdom" fut remplacée par "Made In the United Kingdom Under The Authority Of Alfred Dunhill LTD".


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De nombreux fumeurs pensent que, parallèlement à ce changement de style de boîte, Murrays ou Rothmans-Murrays est devenu l'unique blender de tous les mélanges largement distribués. Quelques années plus tard, vers 1994, reflétant la restructuration de l'entreprise Dunhill, les indications de fabrication des boites a de nouveau été modifiée pour devenir "Made in the U.K. in Association with Dunhill Tobacco of London".

Aujourd'hui, les tabacs Dunhill font toujours partie des meilleurs tabacs anglais, mais, à l'image de la baisse de qualité de tous les mélanges anglais au cours des quinze dernières années, les mélanges Dunhill largement distribués ne sont en fait que l'ombre d'eux-mêmes. Certains en attribuent la responsabilité au passage à un blender indépendant, d'autres à une industrie anglaise du tabac soucieuse des coûts qui, il y a une dizaine ou une vingtaine d'années, a commencé de jouer sur le vieillissement du tabac avant et après l'assemblage, et d'autres encore à l'absence de certains tabacs autrefois disponibles, comme le latakia syrien. D'autres encore se contentent d'amasser leurs vieilles boîtes en priant pour en trouver d'autres.


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Il reste cependant un point positif : Dunhill continue de proposer, mais uniquement dans sa boutique de Duke Street, des dizaines de mélanges " My Mixture " qui ne sont pas distribués à grande échelle. Bien que ces mélanges " My Mixture " coûtent deux fois plus cher que, par exemple, le NightCap ou le 965 aux États-Unis, pour beaucoup, cette différence de prix est minime, car beaucoup de ces mélanges " My Mixture " de Duke Street sont remarquablement proches de la qualité d'antan. Par exemple, vous pouvez passer facilement d'une boîte récente de No. 73 (un mélange à forte teneur en latakia) à une boîte de vingt ans d'âge sans vous en plaindre. L'ancien est meilleur, mais le nouveau est plus que respectable. Et bien que le mélange n° 27 soit un peu trop doux à mon goût, à la vérité, je me retrouve toujours à y revenir pour un autre bol, juste pour savourer un style de mélange délicat que je croyais révolu depuis longtemps. Il semblerait que les mélanges "My Mixture" disponibles dans la boutique Dunhill de Duke Street soient le fruit du travail d'une seule personne qui suit attentivement les formules My Mixture, sélectionne les tabacs à mélanger à partir de différentes sources et, ce faisant, démontre fort heureusement que cet "art délicat" est toujours possible de nos jours.


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