Deux Dunhill des débuts

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Ecrit par John C. Loring : avec l'autorisation de l'auteur
Mis à disposition et traduit par Jean-Christophe Bienfait

Deux petites Dunhill des touts débuts reposent dans mon râtelier, chacune d'elle avec une étiquette explicative blanche entourant l'intérieur du fourneau, et plusieurs fois je les ai inconsciemment retirées de ma collection, uniquement pour me réveiller au milieu de la nuit, pris de panique, pour me mettre à leur recherche et les ranger à nouveau dans le râtelier. Ces deux Bruyere sont de typiques petites anglaises du groupe 3, une forme 31 (billiard) et une forme 53 (3/4 courbe). Elles me sont parvenues par l'intermédiaire de Judd Perlson, vendeur de pipes de renom, qui avant eBay et son mariage, se rendait à Londres plusieurs fois par an, dans le seul but d' alléger mon portefeuille.


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Je commençais juste à m'intéresser aux premières Dunhill, les étudiant et apprenant comment les dater quand Judd a fait miroiter ces pipes devant moi pendant le déjeuner. Il était évident dès le départ que la billiard 31 de 1921 très peu fumée était une pipe intéressante, même si elle était trop petite pour autre chose qu'un "test" de fumage à l'occasion. Portant des marquages Dunhill complets de chaque côté de la tige, la pipe est en plus marqué sur le bas de la tige d'un " DAMAGED [/] PRICE 3’/6’” Endommagée / prix 3 shillings 6 pences (un rabais d'à peu près 75% sur le prix de vente de l'époque).

Bien qu'il soit arrivé à Dunhill dans les dernières années d'estampiller des pipes pour indiquer un prix réduit, jusqu'à la fin des années 70 au moins il s'agissait toujours de pipes qui répondaient pleinement aux normes de qualité de Dunhill. Ce qui rend cette pipe assez inhabituelle c'est qu'apparemment elle n'est pas conforme à ces normes mais qu'elle porte quand même délibérément la totalité de la nomenclature Dunhill. Je n'ai jamais vu ou entendu parler d'un autre exemplaire mais à la réflexion, j'imagine qu'un bon nombre de pipes de 1921 portant ce marquage ont existé à l'origine, même si peu ont survécu.

Il a dû y avoir davantage de pipes marquées "“DAMAGED” car en 1920 Dunhill a commencé la taille et la finition de toutes ses têtes de pipe à Londres, plutôt que d'acheter la plupart d'entre elles déjà taillées et gradées en France et de seulement les finir à Londres. Tailler des têtes à partir de rien impliquait obligatoirement que Dunhill se soit retrouvé avec un bon nombre de têtes utilisables qui n'étaient pas à la hauteur des standards Dunhill – dans la terminologie Dunhill "des ratés"-. En 1922 il échut à Parker de commercialiser ces pipes imparfaites afin de préserver le nom de "Dunhill", mais dans l'intervalle, ainsi qu'en témoigne ma pipe, il apparaît que ces "ratés" furent commercialisés sous la marque "Dunhill" après avoir été estampillées comme "DAMAGED" (endommagées). Ma pipe peut alors être considérée au sens propre comme un prototype "Parker".

Du fait que ma pipe porte un numéro de brevet anglais (English patent), i.e. elle n'était pas destinée à l'exportation, cette pipe "DAMAGED" fut certainement proposée à la vente dans la boutique de Duke Street. A 75 % du prix des autres pipes, la présence de celles-ci, marquées DAMAGED, doit avoir fait sourciller quelques clients. Ceci a sans doute servi de leçon à Dunhill , pour créer Parker l'année suivante; il semble que Dunhill n'ait jamais permis à un produit Parker d'être proposé dans une boutique Dunhill, ni de figurer dans un catalogue Dunhill, excepté durant la Seconde Guerre Mondiale lorsque le manque de stock a sans nul doute conduit à agir autrement.

(Post scriptum / pas plus ma pipe "DAMAGED" que, à ma connaissance, les Parker d'avant la Seconde Guerre Mondiale ne présentaient de défauts flagrants, i.e. c'étaient des pipes de première qualité, pas des "seconds choix", mais imparfaites uniquement en ce qu'elles n'atteignaient pas les standards de Dunhill, le plus souvent j'imagine du fait de "sandpits").

Cela m'a pris un peu plus de temps pour comprendre la seconde pipe que Judd m'avait rapportée, une Bruyere non fumée de forme 53, ¾ courbe, et ceci en fait pourrait la rendre unique. A première vue la pipe semble loin de l'être, mais en l'étudiant attentivement on voit que le marquage DUNHILL / LONDON est parfaitement aligné plutôt que d'avoir un marquage DUNHILL plus long au dessus d'un LONDON plus court et centré comme c'est habituellement le cas. J'ai découvert que ce rare marquage, parfaitement aligné, a été utilisé seulement deux mois, du 20 octobre 1918 au 2 janvier 1919.

C'est assez remarquable que nous puissions le savoir alors que l'essentiel des archives de Dunhill a été détruit lors du Blitz de 1941. Mais il y avait un petit carton du début des années 20 qui était utilisé par les employés de la boutique pour dater les pipes des années 1910, et ce carton aurait été récupéré au fond d'un tiroir lors du bombardement de la boutique de Duke Street, sans doute au même moment où Alfred.H. Dunhill était assis à une table à cartes, devant la boutique, restant obstinément ouvert sans tenir compte des ruines derrière lui. C'était pour lors un carton parfaitement inutile, et sans doute qu'il était trop petit et sans importance pour qu'on prenne la peine de le jeter au cours des dernières décennies, et une fois encore, heureusement, il a survécu.


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Bien que sans doute d'autres pipes portant ce marquage spécifique de cette période de fabrication de deux mois à la fin de 1918 aient survécu, je doute qu'aucune autre de ces survivantes ne soient restées non fumées. Je suppose que c'est la définition de ce que d'habitude j'abhorre, "une pièce de musée", qui n'est pas faite pour être fumée, mais comme elle est trop petite à mon goût pour que je la fume jamais, je ne pense pas que cela me dérange, pourvu que je me rappelle de ne jamais la céder. Car de même que le carton qui raconte son histoire, c'est une survivante.


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