23,095
edits
(Created page with "La plupart d’entre elles, y compris les deux impressionnantes canadiennes étaient des faux. Les pipes et des milliers et des milliers de dollars en cash changèrent de mai...") |
(Created page with "Revenons maintenant à notre Dunhill rare à deux mille dollars : après avoir maintenant examiné soigneusement la pipe, sa nomenclature et en cours de route demandé au vend...") |
||
(4 intermediate revisions by the same user not shown) | |||
Line 52: | Line 52: | ||
En bref, bien qu’on doive toujours avoir à l’esprit que tout est possible, lorsque la pipe ne semble pas s’accorder à la période à laquelle elle est supposée avoir été taillée, les feux d’avertissement doivent commencer à clignoter. | |||
Et quand ces feux d’avertissement commencent à clignoter, la règle fondamentale est de regarder la pipe et de demander tranquillement au vendeur s’il peut vous en dire plus sur la provenance de la pipe. Les pipes à mille dollars et plus ne sont pas chose commune et le moins que vous puissiez attendre d’un vendeur qui demande ce niveau de prix c’est de se souvenir comment il a eu la pipe et peut-être de pouvoir en dire un peu plus. Un exemple pervers c’est celui d’une fausse Shell 844 des années 80 pour laquelle on peut remonter à travers ses sept propriétaires successifs jusqu’à son premier vendeur, frauduleux. Ce que vous devez rechercher c’est un retour en arrière sûr qui, soit vous ramène au minimum aux années 70, soit vous entraîne loin des cercles de collectionneurs jusqu’à un fumeur de pipe ordinaire qui par hasard a fait l’acquisition d’une pipe extraordinaire. A défaut de cela, les clignotants d’avertissement doivent s’intensifier. | |||
Regardons ensuite la forme de la pipe en regard du prétendu marquage de code forme. L’exemple le plus flagrant des exemples de faux des années 80 que je connaisse à cet égard est celui d’une Oom Paul à fond plat d’une taille presque magnum avec une tête de 2 pouces ¾ (6,69 cm) marqué comme une très rare " LY ". En fait la vraie " LY " est une groupe 4 plutôt grosse (ou à l’inverse une groupe 5 plutôt petite) avec un tuyau ¾ bent et un fond arrondi. On trouve également une série de taille très grande jusqu’à être proche de magnum marquée avec des marquages commençant par un " H "par exemple " HLP", " HB ", " HP" tous ces marquages jamais rencontrés ailleurs que sur ces faux. En bref, au moment de rédiger un chèque de deux mille dollars, si vous trouvez que le code de forme frappé sur la pipe que vous chérissez ne correspond pas aux exemples des catalogues ou par ailleurs est inconnu, rangez votre stylo pour un examen plus approfondi. Quelques formes de Dunhill ont changé légèrement au fil du temps et la plupart des formes Dunhill, mais pas toutes, (particulièrement les codes de forme en lettres) a été décrite dans les catalogues mais une variation extraordinaire dans la forme ou une absence sur les catalogues doit au moins éveiller l’attention (il faut noter qu’au début des années 80 Dunhill sortit d’assez grandes pipes (plutôt inhabituelles) avec des codes de forme commençant par un " H ", par exemple la " HNL " une churchwarden courbe avec un fond rond qui se dévissait. Cependant on peut facilement faire la différence car elles portent toutes des codes date de milieu des années 70 et plus tard, alors que les faux des années 80 prétendent toujours dater des années 60 ou auparavant. A mon avis une bonne règle de conduite à suivre c’est que toute « grosse » pipe portant un code de forme commençant par un " H " et prétendant dater des années 60 ou d'auparavant doit éveiller le soupçon d’un faux). | |||
Line 62: | Line 62: | ||
L'étape suivante de l'examen c’est de chercher les défauts. La fausse Shell ODA 844 dont j’ai parlé plus haut est une pipe d’exception avec un ring grain remarquable (j’ai dépensé plusieurs centaine de dollars pour elle) mais elle a aussi un profond " bac à sable" (sandpocket) qui bien que presque caché l’aurait probablement conduite à être " dégradée " et laissée de côté par Dunhill après le sablage. Une autre fausse 844, une Bruyere avec un fond biseauté douteux, montrait après un examen approfondi de sérieux défauts dans la bruyère que le biseau rattrapait seulement partiellement, il est impossible que Dunhill ait en toute connaissance de cause laissé achever cette pipe dans l’usine et encore plus l’ait laissé vendre sous son nom. On trouve un défaut de type différent sur une fausse 847 Bruyere qui comparée à une authentique montre à l’évidence que la tête a été raccourcie d’1/8’, sans nul doute pour éliminer un défaut. Je soupçonne fortement que chacune de ces fausses ODA provient de têtes inachevées " dégradées " par Dunhill en cours de production durant les années 50 et 60, dérobées ensuite dans les stocks de têtes non finies de l’usine puis finies au début des années 80. | |||
Un autre élément de votre recherche de défauts sur les pipes lisses peut se trouver dans la finition : c’est ainsi que j’ai trouvé dans les faux de 1980 deux Bruyere avec une finition Bruyere " qui ne va pas ". La couleur et la profondeur sont inadéquates, davantage comme une bonne peinture de carrossier par rapport à la peinture d’usine d’une voiture. Et pour poursuivre votre recherche des défauts d’une pipe, il est encore opportun de lever la tête et de demander au potentiel vendeur s’il est au courant d’un défaut sur la pipe – tous les vendeurs de pipe ne vous donneront pas ce genre d’information si vous ne le demandez pas, mais peu d’entre eux garderons pour eux ce qu’ils savent si vous le demandez, particulièrement lorsque vous êtes en train d’examiner la pipe. Rappelez-vous également que tous les vendeurs n’ont pas examiné soigneusement la pipe qu’ils sont en train de vendre. Mais ça ne fait pas de mal de demander. | |||
A la différence d’autres, qui admettons-le ont un oeil plus affuté, j’hésite en général à tirer des conclusions sur l’apparence des tuyaux Dunhill car Dunhill a toujours été heureux de personnaliser les tuyaux pour ses clients et dans tous les cas l’usure en elle même peut les modifier. Mais je cherche ce que le point blanc peut révéler. Alors que sur un faux j’ai vu un point qui n’était pas de la bonne taille, j’ai surtout trouvé plusieurs faux où l’agrandissement montre que si le point est de taille correcte, il est légèrement ovalisé. Je n’ai jamais rencontré de point ovalisé sur des tuyaux originaux, sans doute parce que l’usine a toujours utilisé les outils appropriés. D’un autre côté j’ai appris de mon expérience personnelle que poncer à la main pour obtenir un point de taille correct, bien rond (en fait c’est un cylindre) est un boulot important, que je n’ai jamais pu totalement réussir. Bien sûr un point ovalisé indique seulement un tuyau qui n’est pas original, pas obligatoirement une fausse Dunhill. Mais ce peut être un élément de preuve important, plus particulièrement lorsque par ailleurs la pipe semble être peu fumée et en parfaite condition ("pristine "). | |||
Avant de se tourner vers la nomenclature, on doit également considérer l’aspect d’ensemble de la pipe. La plupart des faux des années 80 est arrivé en Amérique comme des pipes non fumées, en parfaite condition. Mais pas toutes, et de toute façon à présent la plupart ont été au moins un petit peu fumées. Aussi une pipe fumée, et même bien fumée, qui montre une certaine usure n’est pas une garantie d’authenticité. Bien plus sur un certain nombre des faux que j’ai vu les marquages n’étaient pas fortement appuyés et donc la nomenclature de ces pipes a tendance à apparaître plus usée qu’elle ne l’est en réalité. D’un autre côté, si l’usure n’est pas une garantie, le manque d’usure est suspect. Les faux de 1980 sont tous supposés dater d’avant les collections de pipe de bruyère. C’est-à-dire une époque où les pipes étaient achetées pour être fumées tous les jours, polies chaque semaine chez le marchand de pipes et trop souvent cognées partout entretemps. Tous les fumeurs de pipes de ces temps anciens n’étaient certainement pas aussi barbares, mais à tout le moins des pipes dans un état exceptionnel qui prétendent dater de cette époque, doivent raisonnablement soulever des doutes. | |||
D’ordinaire la nomenclature Dunhill était (et reste) marquée " en bloc " de lettres plutôt qu’avec des mots ou des lettres séparés. Par exemple pour les pipes de finition lisse de la première moitié du 20ème siècle, un outil marquait en une seule frappe le MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet (patent) et le code de date. Cette griffe devait être changée chaque année pour donner le nouveau code de date. De la même façon pour les Shell un seul outil en une seule frappe marquait DUNHILL SHELL, MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet et le code date. Cet outil de la même façon était changé chaque année pour intégrer le nouveau code de date. | |||
Il y a eu aussi bien sûr des circonstances particulières, et les outils adaptés, par exemple quand l’espace de marquage sur la pipe était limité. De la même façon durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le changement annuel de griffes était difficile à obtenir, de nombreuses pipes au moins durant quelques années de guerre furent marquées avec une griffe à laquelle manquait le code de date. Mais l’utilisation de ce type de marquage sur des pipes correspondant à un groupe 6 ou plus doit toujours faire naître des soupçons car des pipes de cette taille ont toujours amplement la place de porter un marquage et comme évoqué plus haut des pipes de cette taille sont douteuses dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. | |||
En ce qui concerne les faux des années 80 que j’ai examinés, il semble que les pipiers aient eu un accès très limité aux griffes de marquage Dunhill et ont dû faire leurs marquages à la main sans qu’il y ait eu là de vice particulier. Ceci conduit certains marquages à faire naître automatiquement des soupçons. | |||
La petite Root LB magnum et l’OD bruyere chimney longue de7 " évoquées plus haut semblent avoir été marquées par la même personne. Plus précisément les deux sont marquées " MADE IN ENGLAND " [au-dessus] " PATENT No 417574 " avec la ligne inférieure s’étendant sous la ligne supérieure et suivie par un code date souligné de la même taille de caractères, dans un cas 16 et dans l’autre 17. Ce marquage est trompeur à au moins (je peux le préciser) quatre titres. D’abord, dans les années 30 le code date était d’une police de caractères plus petite que les lettres ou les chiffres qui précédaient ; ensuite les code date étaient toujours au bout de la ligne la plus courte (qui dans ce cas aurait dû être la ligne supérieure plutôt que l’inférieure) de manière à égaliser les deux lignes ; en troisième lieu, sur les deux pipes le code date est manifestement marqué à la main et n’appartient pas à une griffe de marquage unique, et enfin en 1936 et 1937 PATENT était abrégé en PAT par rapport au 417574 pour qu’ainsi la ligne inférieure du marquage qui reprenait le numéro de brevet 417574 soit toujours plus courte que la ligne du dessus. Etant donné que j’ai rencontré ce marquage fallacieux sur deux pipes, on peut deviner qu’il y en a eu d’autres. | |||
Line 82: | Line 82: | ||
Deux autres pipes en finition lisse que j’ai vues, prétendument d’avant 1952, l’une supposément une Root "LC" et l’autre prétendument une Bruyere "LP" (sic, quoi que ça puisse être, la pipe ressemble à une LC) se distinguent par ce qui n’est pas là, à savoir que le bloc complet MADE IN ENGLAND, numéro de brevet et code date manque. Il est invraisemblable que Dunhill ait pu laisser sortir des pipes telles que celles-là sans ce marquage. L’absence des marquages attendus doit toujours faire naître des soupçons, particulièrement quand comme pour ces deux pipes il y a objectivement assez de surface pour le faire. | |||
Un marquage communément trouvé sur les fausses Shell de 1980 (autres que les ODA) est le marquage de la Seconde Guerre Mondiale évoqué plus haut auquel il manque un code date. DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au-dessus] PATENT No1341418/20. En soi même par tous ses aspects il s’agit d’un marquage Dunhill correct pour la période de guerre et comme il n’était plus utilisé depuis longtemps au début des années 80 il fut probablement plus facilement " embarqué " de l’usine. Cependant et de manière uniforme, à un degré ou l’autre sur tous les faux que j’ai vu qui portaient ce marquage celui-ci n’était pas marqué à l’horizontale comme c’aurait été le cas s’il avait été marqué à l’usine Dunhill, mais plutôt de travers, parfois légèrement, parfois de façon plus prononcée, avec le D de Dunhill au point le plus haut. | |||
Line 90: | Line 90: | ||
Les ODA Shell falsifiées que j’ai vues semblent en gros être correctement marquées. Il y en a quelques-unes avec des signes suspects. Bien évidemment ODA [au-dessus] de 834 en une police de caractère particulière recouvrant un ODA [au-dessus] de 824 dans une police différente. A noter également deux SHELL 844 fausses avec la partie la plus basse du D de ENGLAND coupée à un angle. Mais je soupçonne que dans tous les faux de 1980 il y a eu quelques fausses ODA datant d’après la période des "patent" et des formes qu’on pensait plus rares en 1980 mais qu’on n’a jamais décelé simplement parce qu’elles étaient faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages appropriés. Déjà à proprement parler il n’y a pas vraiment à s’inquiéter, comme elles sont faites à partir de têtes correctes et sans défauts avec les marquages adéquats, entre tous les faux des années 80 elles ne sont fausses qu’au sens où elle n'ont jamais appartenu à la production officielle de Dunhill. En valeur, parce que ces formes ne sont plus désormais considérées comme particulièrement rares et parce que les faux de 1980 ont une valeur de collection en tant que tels, la différence est probablement minime si elle existe de quelque point de vue qu’on se place. | |||
En dernier lieu en matière de nomenclature, bien que je n'ai jamais vu le marquage qui suit utilisé sur aucun des faux des années 1980 jusqu’ici, il y a un qui semble être une griffe de marquage Dunhill de 1937 qui dit : DUNHILL SHELL MADE IN ENGLAND [au dessus] PAT. No 41757417. Il est passé entre les mains d’un analphabète qui a utilisé ce marquage sur au moins trois différents fausses Groupe 4 à la finition lisse. Ces trois faux appartiennent à la même catégorie sans intérêt que le faux à 20 euros de la boutique de brocante irlandaise dont j’ai parlé plus haut, toutefois il existe une possibilité que cette griffe ait été au départ dérobée dans l’usine Dunhill au début des années 80 et peut être utilisée sur quelques-uns des faux des années 80. | |||
Line 98: | Line 98: | ||
Revenons maintenant à notre Dunhill rare à deux mille dollars : après avoir maintenant examiné soigneusement la pipe, sa nomenclature et en cours de route demandé au vendeur d’où elle venait et s’il lui connaissait des défauts, il est temps de faire un retour en arrière, de peser les différentes données accumulées et de se poser la question du départ : tout bien considéré, est-ce que ça va avec cette pipe ? | |||
Le plus souvent vous répondrez par l’affirmative, d’autant que j’ai écrit au début que des faux des années 80, ’il n’y en avait pas tant que cela. | |||
Mais que faire s’il s’avère que c’est un faux? Et que faire si, après avoir expliqué vos conclusions au vendeur il tombe d’accord avec vous et vous propose la pipe en tant que faux des années 80 à un prix raisonnable ? Et que faire si vous concluez l’affaire et que vous vous retrouvez avec le faux entre les mains ? Qu’allez-vous en faire ? Et ici je me trouve à la croisée des chemins avec quelques bons amis et des collectionneurs respectés. Car je crois qu’avec cette pipe entre les mains, votre première obligation envers vos camarades collectionneurs est de mettre un X en travers du D de Dunhill (chauffez une lame de tournevis avec un briquet pour faire un marquage en croix sur le D et le tour est joué). Ceci avertira les collectionneurs pour les temps à venir que cette pipe n’est pas une vraie Dunhill. | |||
De manière générale, beaucoup n’ont pas fait ce choix et ont préféré fumer et apprécier ce faux parfait et quand ils en avaient assez, l’échangeaient avec un autre collectionneur de confiance sans rien lui cacher. Le problème tel que je le vois, c’est que parfois les collectionneurs de confiance ne sont pas si dignes de confiance. Que parfois quand les temps deviennent durs et que ce sont nos familles qui sont en jeu, ni vous ni moi ne sommes si dignes de confiance. Et parfois quand nous quittons ce monde sans préavis nos familles n’ont aucune idée du fait que l’une de nos pipes favorites est un faux. Et c’est ainsi qu’avec les meilleures intentions du monde nous pouvons voir d’en haut (ou d’en bas) que nous avons contribué à perpétuer une fraude vieille d’un quart de siècle. Aussi je suggère respectueusement que de même que nous devons à nos voisins de ne pas héberger un tigre qui pourrait se libérer en dépit de tous nos efforts, de même nous devons à nos camarades collectionneurs de marquer les faux des années 80 qui subsistent, qu’au moins ils ne ‘s’échappent pas’ pour qu’ensuite nous puissions les apprécier pour les pipes parfaites qu’elles sont et l’histoire intéressante qu’elles représentent. | |||
[[Category:Dunhill]] | [[Category:Dunhill]] |