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L'étape suivante de l'examen c’est de chercher les défauts. La fausse Shell ODA 844 dont j’ai parlé plus haut est une pipe d’exception avec un ring grain remarquable (j’ai dépensé plusieurs centaine de dollars pour elle) mais elle a aussi un profond " bac à sable" (sandpocket) qui bien que presque caché l’aurait probablement conduite à être " dégradée " et laissée de côté par Dunhill après le sablage. Une autre fausse 844, une Bruyere avec un fond biseauté douteux, montrait après un examen approfondi de sérieux défauts dans la bruyère que le biseau rattrapait seulement partiellement, il est impossible que Dunhill ait en toute connaissance de cause laissé achever cette pipe dans l’usine et encore plus l’ait laissé vendre sous son nom. On trouve un défaut de type différent sur une fausse 847 Bruyere qui comparée à une authentique montre à l’évidence que la tête a été raccourcie d’1/8’, sans nul doute pour éliminer un défaut. Je soupçonne fortement que chacune de ces fausses ODA provient de têtes inachevées " dégradées " par Dunhill en cours de production durant les années 50 et 60, dérobées ensuite dans les stocks de têtes non finies de l’usine puis finies au début des années 80. | |||
Un autre élément de votre recherche de défauts sur les pipes lisses peut se trouver dans la finition : c’est ainsi que j’ai trouvé dans les faux de 1980 deux Bruyere avec une finition Bruyere " qui ne va pas ". La couleur et la profondeur sont inadéquates, davantage comme une bonne peinture de carrossier par rapport à la peinture d’usine d’une voiture. Et pour poursuivre votre recherche des défauts d’une pipe, il est encore opportun de lever la tête et de demander au potentiel vendeur s’il est au courant d’un défaut sur la pipe – tous les vendeurs de pipe ne vous donneront pas ce genre d’information si vous ne le demandez pas, mais peu d’entre eux garderons pour eux ce qu’ils savent si vous le demandez, particulièrement lorsque vous êtes en train d’examiner la pipe. Rappelez-vous également que tous les vendeurs n’ont pas examiné soigneusement la pipe qu’ils sont en train de vendre. Mais ça ne fait pas de mal de demander. | |||
A la différence d’autres, qui admettons-le ont un oeil plus affuté, j’hésite en général à tirer des conclusions sur l’apparence des tuyaux Dunhill car Dunhill a toujours été heureux de personnaliser les tuyaux pour ses clients et dans tous les cas l’usure en elle même peut les modifier. Mais je cherche ce que le point blanc peut révéler. Alors que sur un faux j’ai vu un point qui n’était pas de la bonne taille, j’ai surtout trouvé plusieurs faux où l’agrandissement montre que si le point est de taille correcte, il est légèrement ovalisé. Je n’ai jamais rencontré de point ovalisé sur des tuyaux originaux, sans doute parce que l’usine a toujours utilisé les outils appropriés. D’un autre côté j’ai appris de mon expérience personnelle que poncer à la main pour obtenir un point de taille correct, bien rond (en fait c’est un cylindre) est un boulot important, que je n’ai jamais pu totalement réussir. Bien sûr un point ovalisé indique seulement un tuyau qui n’est pas original, pas obligatoirement une fausse Dunhill. Mais ce peut être un élément de preuve important, plus particulièrement lorsque par ailleurs la pipe semble être peu fumée et en parfaite condition ("pristine "). | |||
Avant de se tourner vers la nomenclature, on doit également considérer l’aspect d’ensemble de la pipe. La plupart des faux des années 80 est arrivé en Amérique comme des pipes non fumées, en parfaite condition. Mais pas toutes, et de toute façon à présent la plupart ont été au moins un petit peu fumées. Aussi une pipe fumée, et même bien fumée, qui montre une certaine usure n’est pas une garantie d’authenticité. Bien plus sur un certain nombre des faux que j’ai vu les marquages n’étaient pas fortement appuyés et donc la nomenclature de ces pipes a tendance à apparaître plus usée qu’elle ne l’est en réalité. D’un autre côté, si l’usure n’est pas une garantie, le manque d’usure est suspect. Les faux de 1980 sont tous supposés dater d’avant les collections de pipe de bruyère. C’est-à-dire une époque où les pipes étaient achetées pour être fumées tous les jours, polies chaque semaine chez le marchand de pipes et trop souvent cognées partout entretemps. Tous les fumeurs de pipes de ces temps anciens n’étaient certainement pas aussi barbares, mais à tout le moins des pipes dans un état exceptionnel qui prétendent dater de cette époque, doivent raisonnablement soulever des doutes. | |||
D’ordinaire la nomenclature Dunhill était (et reste) marquée " en bloc " de lettres plutôt qu’avec des mots ou des lettres séparés. Par exemple pour les pipes de finition lisse de la première moitié du 20ème siècle, un outil marquait en une seule frappe le MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet (patent) et le code de date. Cette griffe devait être changée chaque année pour donner le nouveau code de date. De la même façon pour les Shell un seul outil en une seule frappe marquait DUNHILL SHELL, MADE IN ENGLAND, la nomenclature du brevet et le code date. Cet outil de la même façon était changé chaque année pour intégrer le nouveau code de date. | |||
Il y a eu aussi bien sûr des circonstances particulières, et les outils adaptés, par exemple quand l’espace de marquage sur la pipe était limité. De la même façon durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le changement annuel de griffes était difficile à obtenir, de nombreuses pipes au moins durant quelques années de guerre furent marquées avec une griffe à laquelle manquait le code de date. Mais l’utilisation de ce type de marquage sur des pipes correspondant à un groupe 6 ou plus doit toujours faire naître des soupçons car des pipes de cette taille ont toujours amplement la place de porter un marquage et comme évoqué plus haut des pipes de cette taille sont douteuses dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. | |||
En ce qui concerne les faux des années 80 que j’ai examinés, il semble que les pipiers aient eu un accès très limité aux griffes de marquage Dunhill et ont dû faire leurs marquages à la main sans qu’il y ait eu là de vice particulier. Ceci conduit certains marquages à faire naître automatiquement des soupçons. | |||
La petite Root LB magnum et l’OD bruyere chimney longue de7 " évoquées plus haut semblent avoir été marquées par la même personne. Plus précisément les deux sont marquées " MADE IN ENGLAND " [au-dessus] " PATENT No 417574 " avec la ligne inférieure s’étendant sous la ligne supérieure et suivie par un code date souligné de la même taille de caractères, dans un cas 16 et dans l’autre 17. Ce marquage est trompeur à au moins (je peux le préciser) quatre titres. D’abord, dans les années 30 le code date était d’une police de caractères plus petite que les lettres ou les chiffres qui précédaient ; ensuite les code date étaient toujours au bout de la ligne la plus courte (qui dans ce cas aurait dû être la ligne supérieure plutôt que l’inférieure) de manière à égaliser les deux lignes ; en troisième lieu, sur les deux pipes le code date est manifestement marqué à la main et n’appartient pas à une griffe de marquage unique, et enfin en 1936 et 1937 PATENT était abrégé en PAT par rapport au 417574 pour qu’ainsi la ligne inférieure du marquage qui reprenait le numéro de brevet 417574 soit toujours plus courte que la ligne du dessus. Etant donné que j’ai rencontré ce marquage fallacieux sur deux pipes, on peut deviner qu’il y en a eu d’autres. | |||